Ayant pris la tête du premier tour des élections régionales avec 40,55 % des voix, Marion Maréchal-Le Pen, à seulement 26 ans, pourrait devenir la plus jeune présidente d’un conseil régional le 13 décembre. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, région dirigée par Michel Vauzelle (Parti socialiste) depuis 1998, la tête de liste du Front national a devancé de près de 14 points son principal adversaire issu des Républicains, Christian Estrosi — crédité de 26,48 % des suffrages exprimés.
Nous avons confronté les 92 propositions que liste le projet de Marion Maréchal-Le Pen — ainsi que celles de Marine Le Pen dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie et de Florian Phillipot en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine — aux compétences des conseils régionaux. Parmi elles, 43 sont compatibles avec le fonctionnement de l’institution régionale, 26 seront difficiles à mettre en œuvre, et trois promesses semblent impossibles à appliquer.
Le projet de la députée frontiste est principalement orienté vers un « patriotisme économique régional ». Une politique qui passe par l’attribution des aides du conseil régional à des critères sociaux — comme l’emploi d’un apprenti pour « favoriser les entreprises locales face aux grands groupes » — ou environnementaux — en exigeant une empreinte carbone faible, ce qui privilégie les entreprises du territoire.
Des promesses applicables
Marion Maréchal-Le Pen est la tête de liste ayant délivré le programme le plus volumineux des trois régions que nous avons pu vérifier, en mettant l’accent sur les thèmes identitaires du Front national, immigration et questions sécuritaires en premier lieu.
Mettre en place un « grand projet de spectacle historique régional inspiré du succès du parc du Puy-du-Fou », jouer de l’arme des subventions au monde associatif en supprimant celles « versées aux associations communautaristes », empêcher tout financement du planning familial par le conseil régional : les exemples de ce type de propositions sont nombreux.
Ces mesures côtoient, autre exemple, le projet d’abandon du programme « MED CAP accueil » permettant à des étudiants étrangers — originaires du Maroc, d’Algérie, ou des Territoires palestiniens — de venir, pour une période donnée, dans une université de la région. L’utilisation possible pour le conseil régional du référendum local, sur des « grandes questions » concernant l’action de la région, est évoquée.
Le projet du Front national en PACA propose par ailleurs un prêt à taux zéro pour « la rénovation énergétique des bâtiments » ou le retour de la gratuité des cartes grises pour les véhicules électriques, abolie par la majorité précédente.
Des promesses difficiles à tenir
Plusieurs promesses, parfois communes aux trois programmes du Front national que nous avons pu vérifier, semblent plus compliquées à mettre en œuvre par un conseil régional.
Les nombreuses propositions de Marion Maréchal-Le Pen concernant le fonctionnement du système ferroviaire en région PACA dépendront en grande partie de la négociation d’un nouveau contrat « SNCF-Région » signé avec l’entreprise publique gestionnaire des voies ferrées, et prévu pour 2016 : rien ne peut donc être garanti pour l’instant. L’instauration d’une police régionale des transports n’est, elle, pas du ressort du conseil régional, mais des services de la préfecture.
Le « refus des exigences religieuses dans les cantines » est une autre promesse difficilement tenable, sauf dans les lycées, placés sous la responsabilité directe de la région.
Des promesses impossibles à appliquer
Des promesses du projet de Marion Maréchal-Le Pen sont impossibles à appliquer en cas d’accès du parti d’extrême droite à la présidence de la région PACA : le soutien au circuit court « à travers les cantines de nos lycées » déroge par exemple à la législation européenne portant sur la concurrence. La promesse avait également été formulée par Emmanuelle Cosse, tête de liste d’Europe Ecologie les Verts (EELV) en Ile-de-France.
L’opposition à « l’implantation d’éoliennes défigurant nos paysages » paraît, elle aussi, difficile à faire respecter. La conception d’un schéma régional éolien, en collaboration avec les services de la préfecture, contraint les régions à développer cette ressource renouvelable. L’objectif de production électrique est de 545 MW d’électricité produite par l’éolien à l’horizon 2020 pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les 92 promesses contenues dans le programme de Marion Maréchal-Le Pen :
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