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Irak et SyriePour rester à la Une, l'EI accroît la barbarie

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Depuis 2011, la Syrie est déchirée par un conflit armé qui a fait plus de 250'000 morts. Début 2014, le groupe djihadiste Etat islamique a commencé à intensifier son activité dans la région du Proche-Orient en cherchant à créer un califat sur les territoires irakiens et syriens tombés sous son contrôle.
Le chef de l'Etat syrien, Bachar al-Assad, s'exprime pour la première fois sur l'accord de cessez-le-feu, qu'il estime «difficile». (16 février 2016)
Des tirs de missiles ont «tué près de cinquante civils dont des enfants et fait de nombreux blessés» dans «au moins» cinq établissements médicaux et deux écoles à Alep et Idlib (nord de la Syrie), a annoncé lundi l'ONU. (Lundi 15 février 2016)

Depuis qu'il a proclamé en juin 2014 un «califat» sur les régions conquises à cheval entre les deux pays, ce groupe accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, multiplie les scènes mortifères dans des vidéos insoutenables devenues sa principale arme de propagande.

Accro aux médias, il utilise les réseaux sociaux pour faire circuler à travers la planète des scènes de meurtres collectifs et de décapitations, notamment celles de plusieurs otages occidentaux l'an dernier.

Décapitation diffusée en entier

L'une des dernières vidéos s'enfonce plus dans l'horreur. Jusqu'à présent, le groupe présentait un plan avec le bourreau muni de son couteau suivi d'un second avec la tête coupée de la victime, mais mardi il a diffusé la scène entière de décapitation en Irak de plusieurs «espions».

En novembre, le président américain Barack Obama avait qualifié l'EI d'un «groupe de tueurs disposant de bons réseaux sociaux».

Les djihadistes recourent à des méthodes plus morbides, car «ils pensent que les gens se lasseront et ils veulent toujours être» sous le feu des projecteurs, assure Mia Bloom, professeur à la Georgia State University.

Atrocités

Parmi la panoplie d'atrocités, des prisonniers sont brûlés dans des cages ou attachés à deux voitures qui démarrent dans des sens opposés. L'EI a même exécuté des détenus en faisant exploser les colonnes de la cité antique syrienne de Palmyre auxquelles il les avait attachés.

Le groupe a aussi revendiqué des attaques spectaculaires à l'étranger, notamment les attentats de Paris (130 morts le 13 novembre) ou l'explosion d'un avion civil russe au dessus de l'Egypte (224 morts le 31 octobre).

«Ces vidéos violentes attirent des types de personnes qui veulent vivre en vrai 'Call of Duty', des gens qui ont un passé violent et veulent se réinventer», assure Mme Bloom, en faisant référence au célèbre jeu vidéo.

Enfants soldats

Ainsi, dans un scénario qui s'apparente à un jeu vidéo, l'EI diffuse début décembre des images montrant des enfants soldats se faufiler à travers les ruines d'un fortin à la recherche de prisonniers qu'ils tuent.

L'utilisation d'enfants à des fins de propagande est aussi une manière de faire monter les enchères de l'épouvante. «Les enfants sont passés d'observateurs de la violence à acteurs à part entière. C'est sans précédent», souligne Mia Bloom.

L'EI utilise cette «ultraviolence» pour impressionner ses partisans, terrifier ses opposants et aussi «transmettre son message à travers le monde», note l'analyste Charlie Winter.

Cet expert qui suit les activités des djihadistes sur la toile, souligne que la propagande du groupe jongle entre des images de violence et la représentation du «califat» comme une utopie islamiste.

Les vidéos ayant le «plus d'impact» sont celles montrant de nouvelles façons de tuer, dit-il. «Ces derniers mois, l'EI a exploré de nouveaux types de perversion, traînant les victimes derrière une voiture jusqu'à la mort, les noyant, les brûlant et ainsi de suite». «Il a tellement banalisé les décapitations que les gens ne sont plus choqués», ajoute l'expert.

Surenchère de l'horreur

Cette surenchère de l'horreur pourrait traduire la pression militaire que subit le groupe en Irak et en Syrie, ainsi qu'une volonté de continuer à projeter une image de toute-puissance même si en réalité sa production médiatique a diminué.

Dans une analyse du Centre international des études sur la radicalisation et la violence politique, le chercheur Aaron Zelin soutient que la production de l'EI a diminué ces derniers mois, conséquence de plusieurs défaites militaires sur le terrain en Syrie et en Irak. Elle avait connu un pic après les victoires en mai du groupe à Palmyre et à Ramadi en Irak.

Selon Aaron Zelin, 3762 productions ont été mises en ligne entre juin et août contre seulement 2750 entre septembre et novembre. Cette baisse pourrait également être liée à la mort de responsables des médias de l'EI tués dans des raids de la coalition internationale menée par l'EI.

Parmi eux, Junaid Hussein, une importante figure de l'EI sur Twitter, et Mohamed Emwazi - connu sous le pseudonyme de Jihadi John - apparaissait souvent dans des vidéos avec des otages occidentaux avant leur exécution.

AFP