COP21 : «Les Africains ont été associés, entendus et bien traités» estime Fodé Sylla

L'ancien président de SOS Racisme participait à la COP21 au sein de la délégation sénégalaise.
L'ancien président de SOS Racisme participait à la COP21 au sein de la délégation sénégalaise.


LP / Marc Menou

    Ancien député européen et ancien président de SOS Racisme, Fodé Sylla avait participé à la conférence climatique de Copenhague en 2009 avec Jean-Louis Borloo, alors ministre français de l'Environnement. Aujourd’hui ambassadeur itinérant et membre du cabinet du président du Sénégal Macky Sall, il faisait partie de délégation accompagnant à Paris le numéro un sénégalais pour la COP21.

    L'accord final obtenu à Paris par la Cop21 est-il satisfaisant pour les pays africains ?

    FODÉ SYLLA. - Oui car le principe pollueur-payeur est enfin pris en compte. La question centrale était de savoir si les pays développés étaient d’accord pour venir en aide aux pays plus pauvres afin de leur permettre de lutter contre le réchauffement climatique, car ce sont les pays du sud qui en souffrent le plus alors qu’ils polluent le moins. Une somme minimum de 100 milliards va être engagée, qui pourra être augmentée. Je n’ai pas le sentiment que les pays africains se soient fait berner.

    Mais la mention des 100 milliards a été renvoyée dans une annexe du texte et aucune somme n'a été sanctuarisée pour permettre aux pays du sud de s'adapter et de lutter contre le réchauffement climatique…

    F.S. - C’est vrai mais cet accord met chacun face à ses responsabilités. A cette étape-là, nous sommes satisfaits. Dès l’ouverture, François Hollande a mis l’accent sur l’Afrique en rappelant, comme le président du Sénégal Macky Sall l’avait fait avant lui, la responsabilité des pays développés dans le réchauffement climatique. Et lors de la séance finale Laurent Fabius a tout de suite redonné la parole à l’Afrique du Sud, porte-parole du groupe des 77. Les Africains ont été associés, entendus et bien traités. Ce qui est important c’est que pour la première fois 195 pays s’engagent contre l’effet de serre. On ne va pas bouder le plaisir d’avoir pour la première fois un accord mondial sur le climat. Que certaines clauses soient renvoyées en annexe est finalement secondaire par rapport à cette grande avancée. Pour avoir vécu les précédentes négociations à Copenhague en tant que chargé de mission de Jean-Louis Borloo, j’avoue que j’étais pessimiste en arrivant au Bourget. Je ne pensais pas qu’on parviendrait à décrocher un tel accord.

    Est-ce vraiment un grand succès pour la France ?

    F.S. - La diplomatie française a fait un travail exceptionnel. Elle n’a pas cherché à passer des accords en catimini avec l’un ou avec l’autre. Tous les pays ont été mis sur un pied d’égalité. En signant cet accord historique, ici à Paris, un mois après les attentats meurtriers du Bataclan, le monde a sans doute aussi voulu panser les plaies d’un pays durement touché. Mais cet accord fait surtout du bien parce qu’il donne enfin un peu d’espoir à la jeunesse du monde et aux générations futures.