
COP21 - "C'est la diplomatie la plus habile que j'ai vue depuis plus de deux décennies que j'assiste à ces réunions". A l'image de ce vibrant éloge de l'ancien vice-président américain Al Gore, les félicitations et compliments venus du monde entier ont tous salué le rôle joué par François Hollande et Laurent Fabius dans le succès de la COP21 qui s'est achevée sur un accord ce samedi 12 décembre au Bourget. Un consensus historique et inédit mais qui n'a visiblement pas suffi à faire taire les adversaires politiques les plus virulents du président de la République.
Veille du second tour des élections régionales oblige, beaucoup de candidats en lice n'ont pas pris la parole pour éviter de se voir accuser de mener campagne. Mais de nombreux responsables politiques français, essentiellement socialistes et écologistes, ont tout de même applaudi cette issue inespérée et le succès de l'exécutif.
A droite, les réactions étaient en revanche beaucoup plus discrètes. Fair-play, les anciens premiers ministres François Fillon et Alain Juppé ont tout de même pris la plume pour se féliciter de ce "bel accord".
Pas de nouvelle en revanche du président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, lui qui avait un temps envisagé de réclamer le report de la COP21 après les attentats du 13 novembre. Il faut dire que l'ancien président de la République, malgré l'événement qu'avait constitué le Grenelle de l'Environnement au début de son quinquennat, n'a cessé d'afficher son manque d'intérêt pour la conférence climat, préférant plaider en faveur d'un relâchement des normes environnementales. Difficile également pour le rival de François Hollande de devoir saluer ce qui restera comme un coup de maître diplomatique à 24h d'un scrutin où le PS et l'ex-UMP jouent gros.
Autant dire que son silence a vite fait l'objet de railleries chez certains élus socialistes.
Faute de Nicolas Sarkozy, c'est sa déléguée à l'environnement, la navigatrice Maud Fontenoy, qui s'est chargée de faire la fine bouche au nom de l'opposition. Tout en saluant du bout des lèvres les "avancées positives" de l'accord, l'écologiste de droite s'interroge: "Où est l'accord contraignant promis et les sanctions suite aux engagements non tenus?" Des critiques avérées mais surprenantes de la part de cette adepte autoproclamée de "l'écologie non punitive".
Mélenchon prédit le pire pour les années à venir
Il n'y a pas qu'à droite que l'on ne goûte guère le succès de la diplomatie de l'exécutif socialiste. Tandis que tous les frondeurs du PS se retrouvaient pour applaudir le président de la République, Jean-Luc Mélenchon et ses amis raillaient une "bad Cop" sur les réseaux sociaux en accusant François Hollande de verdir artificiellement son quinquennat.
Preuve du caractère hautement politique de son appréciation, le cofondateur du Parti de Gauche a fait une allusion au célèbre meeting du Bourget pendant lequel François Hollande avait décrété que son seul ennemi "c'est la finance".
Dans l'entourage de l'eurodéputé, on pointe déjà une opération de communication de l'Elysée sans aucune garantie pour le climat. Pourtant, "ll faut prendre cet accord pour ce qu'il est et ce qu'il apportera à la planète, comme un moment important de ce quinquennat" mais "il ne faut jamais attendre de bénéfice immédiat de l'action politique", observe un proche du chef de l'Etat. Comme quoi, il est parfois plus facile de trouver un consensus avec 195 pays qu'au sein même de la classe politique française.