Clientélisme, libéralisme et canard aux cèpes : les valeurs sûres de France 2

Par Samuel Gontier

Publié le 11 décembre 2015 à 18h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 06h05

Le clientélisme en danger ! « Les traditionnels colis ou repas de Noël sont directement touchés par les économies tous azimuts des collectivités locales, déplore David Pujadas le 24 novembre dernier. Le temps des cadeaux semble révolu. » Scandaleux ! « Quand le père Noël n’échappe pas à la rigueur », insiste le présentateur deux semaines plus tard, indigné par « le régime sec des collectivités locales pour les fêtes de fin d’année. Grande roue, illuminations ou petits cadeaux aux écoliers… L’heure est aux économies. » Quelle injustice !

Le reportage du 24 novembre à Hallennes-lez-Haubourdin (Nord) décrit le triste sort fait aux anciens combattants. « Ils ont l’habitude de bien manger et de danser lors d'un banquet organisé deux fois par an par la municipalité. Mais le maire, faute de budget, a annulé le prochain. » Le précédent avait eu lieu le 11 novembre. « Langue de bœuf, coquilles saint-jacques, vin et animation musicale toute l’après-midi, rapporte la reporter. Une fête entièrement payée par la ville. » C’est bien le moins. Mais « deux banquets annuels, c’était un de trop, a décidé le maire ». Il ne faudra pas qu’il s’étonne de ne pas être réélu.

« A Reims, choix encore plus radical, la grande roue incontournable [et gratuite, ndlr] de Noël a disparu. » Il ne reste plus que la patinoire gratuite. Pourquoi les patineurs seraient privilégiés par rapport aux amateurs de manège ? Qu’est-ce qui justifie cette persécution ? Résultat, « la suppression de la grande roue divise les passants », bref, le vivre-ensemble est menacé.

Dans cet océan de mauvaises nouvelles, David Pujadas a trouvé mardi des raisons d’espérer. « Gardes d’enfants, jardiniers, femmes de ménage : le coup de pouce du gouvernement aux emplois à domicile » Super ! Enfin, nos gouvernants s’intéressent à ces salariés mal payés, exploités, précarisés par les temps partiels ! « Les allègements de charge vont plus que doubler l’an prochain. » Ah, pardon. Le coup de pouce aux emplois à domicile est finalement destiné aux employeurs à domicile, c’est-à-dire aux riches… Oups, re-pardon : aux « classes moyennes supérieures », selon la nouvelle terminologie en vigueur pointée par Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. On ne pourra donc pas accuser le gouvernement d’avoir flatté dans l’entre-deux-tours les classes populaires tentées par le FN.

« Tous les jours, il faut qu’on explique aux personnes [exclusivement des femmes, ndlr] que ce n'est pas dévalorisant, que c’est des vrais métiers. » Avec des emplois du temps délirants, des salaires de misère et des temps partiels imposés. « On peut très bien s’épanouir en exerçant ces différents métiers. » Et aussi soigner son cancer en manipulant des produits ménagers bourrées de phtalates. Après un gros plan sur le logo O2, la journaliste rappelle que l’employeur peut aussi se fournir en main-d’œuvre via Internet. L’humanité a vraiment progressé depuis le XIXe siècle : nous entrons désormais dans l’ère de la domesticité numérique.

Ma vie au poste, le blog de Samuel Gontier

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