L’homme fort du pays, qui avait annoncé en avril son intention de se représenter pour un troisième mandat, affronte une mobilisation populaire. Et même si les manifestants n’ont pu empêcher la réélection de Nkurunziza en juillet, la situation ne s’est jamais apaisée. Les massacres de ce week-end, en réponse à l’attaque de trois camps militaires vendredi, ne sont que le dernier épisode sanglant d’une logique mortifère. Face à la répression aveugle, une partie de l’opposition, contrainte de vivre cachée ou en exil, a visiblement choisi de basculer vers la rébellion armée. Mais le pouvoir, tout en niant la gravité de la situation, réagit par des rafles massives, frappant en priorité des hommes jeunes et souvent tutsis. Depuis la fin d’une guerre civile à forte connotation ethnique au début des années 2000, l’identification hutue ou tutsie avait pourtant disparu du discours politique. Beaucoup redoutent aujourd’hui qu’un pouvoir à bout de souffle tente de réveiller les braises des haines ethniques. Sur les réseaux sociaux, les appels au secours relaient aussi les appels à la vigilance afin de ne pas céder au réveil de ces démons-là. Car au Burundi, comme ailleurs, l’information est le nerf de la guerre. De SOS Médias Burundi (un groupe de journalistes courageux et non d’opposants, comme l’avait écrit par erreur Libération) aux messages de simples citoyens qui s’efforcent d’alerter le monde extérieur sur le massacre à huis clos en cours, la tragédie burundaise ne peut plus être ignorée.
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