Régionales 2015 : les élections passent, les problèmes restent

Le sursaut électoral qui a conduit à la défaite de toutes les listes FN aux régionales masque le désarroi de très nombreux citoyens. Un coup pour rien ?

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Malgré le barrage fait au FN lors du second tour des régionales, la République souffre toujours des mêmes maux.
Malgré le barrage fait au FN lors du second tour des régionales, la République souffre toujours des mêmes maux. © SIPA

Temps de lecture : 3 min

Il n'y a pas de quoi pavoiser. Les listes du Front national ont été battues partout, mais son niveau, tant au premier tour qu'au second dans certaines régions, montre à quel point le pays va mal. Les Républicains, vainqueurs dans sept régions, doivent leur salut en Paca et dans le Nord à la mobilisation des voix de gauche. Xavier Bertrand n'a pas manqué de les saluer, de même que les abstentionnistes du premier tour, qui ont pris la peine de se déplacer au second. Christian Estrosi se sort lui aussi d'un très mauvais pas en Paca. Mais qu'on n'oublie pas le score de Marion Maréchal-Le Pen - 45,22 % soit 886 147 voix - et le nombre d'électeurs FN au niveau national (6,8 millions de voix)...

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Les listes LR-UDI conduites par les centristes Philippe Vigier et François Sauvadet n'ont pas réussi à mobiliser suffisamment d'électeurs de droite, ce qui a permis à la gauche de sauver la région Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté. Seul le centriste Hervé Morin tire son épingle du jeu en Normandie. L'UDI ne sort pas en grande forme de ce scrutin... Les nationalistes reprennent la Corse à la suite de la victoire de la liste Simeoni. Voilà qui remet le sujet sur la table...

Wauquiez et Pécresse gagnent en puissance à droite

Deux personnages à droite, issus de la nouvelle génération, vont pouvoir se déployer plus librement sur la scène nationale : Laurent Wauquiez, victorieux en Rhône-Alpes dans une triangulaire, et Valérie Pécresse qui arrache l'Ile-de-France à la gauche. Ils ont tous deux été ministres de Nicolas Sarkozy sous le quinquennat précédent. Vont-ils se contenter de gérer leur région en laissant au trio Sarkozy-Juppé-Fillon le soin de s'expliquer à la primaire de la droite et du centre ?

Le président des Républicains peut regarder devant lui et dérouler son plan de marche vers la primaire. Sa ligne dure (ni FN ni PS), ses thématiques (le voile islamique, le halal dans les cantines scolaires) n'ont pas permis de contenir le vote FN. Pour autant, Sarkozy n'a aucun intérêt à abandonner ce terrain dans la mesure où la droite, désormais radicalisée, peut faire de lui le vainqueur de la primaire. En revanche, en se déportant un peu trop sur sa droite, l'ancien chef de l'État s'expose à un contre de la part de François Bayrou, flingueur solitaire, au premier tour de la présidentielle.

Hollande face au défi du chômage

À gauche, le bilan est moins mauvais que prévu avec cinq régions dans l'escarcelle (Bretagne, Grande Aquitaine, Centre-Val de Loire, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Bourgogne-Franche-Comté). François Hollande peut compter sur un socle d'environ 23 % au premier tour. Il n'est pas encore éliminé de la course présidentielle, c'est l'enseignement de ces régionales. Ce serait une grande erreur de le sous-estimer. Mais il doit encore résoudre deux problèmes de taille dans sa course au second mandat : faire reculer le chômage et assurer la cohésion de son camp qui, faute de résultats, a encore des doutes sur sa ligne. Enfin, une incertitude plane : les menaces d'attentat qui peuvent, à tout moment, rebattre les cartes.

Marine Le Pen, à peu près certaine d'être au second tour de la présidentielle, se heurte encore à un plafond de verre. Mais il est craquelé par endroits. Les partis traditionnels ont une nouvelle fois gagné un peu de temps, mais ils ont désormais une obligation de résultat : mettre le pays en mouvement, permettre à l'ascenseur social de fonctionner, faire une place aux jeunes, récompenser l'initiative, retenir nos meilleurs cerveaux, restaurer l'autorité de la puissance publique, garantir l'application efficace et paisible de la laïcité, traverser au mieux le choc numérique de l'économie, cultiver nos filières d'excellence et, enfin, retravailler les fondements de la construction européenne pour la rendre efficace.

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Commentaires (31)

  • jeanbob84

    Combien de belles paroles pendant cette période pré-présidentiel ? Combien de solution crédible pour redresser notre pays ? Je finis par croire que le mensonge fait parti des cours de l'ENA ?

  • Petit malin

    Merci à tous ceux qui ont commenté mon commentaire.

    @ Chaudevant - Je suis d'accord avec votre remarque. C'est bien pourquoi j'ai écrit "circonstances" car en politique, tout est possible et rien ne se passe comme prévu (cf DSK) !
    Qu'elles soient possibles, probables, aléatoires, certaines à terme, ou inenvisageable est une toute autre histoire...

    @Jean-Louis - Au fil des commentaires, je n'ai jamais défendu les non-inscrits ou les abstentionnistes. Avec eux il est impossible de savoir si leur acte est volontaire et significatif ou s'ils sont simplement désintéressés ou négligents. Et même s'il était volontaire comment l'interprété ?
    Le seule acte politique certain est celui de ceux qui se déplacent pour voter. Si l'on ne veut pas choisir, une seul solution le "bulletin blanc" (le nul comptabilise principalement des erreurs... ). Et je suis d'accord pour qu'on lui accorde une plus grande place qui le rendrait plus significatif, du "ni, ni" par exemple !
    La question n'est pas anodine car en 2017, nombre d'électeurs pourraient se retrouver devant un cruel dilemme.

  • Tousofns

    Problème : c'est "déjà" reparti comme avant. Les "frondeurs" frondent, ce n'est pas le plus grave ; les écolos font du bruit comme dix, c'est un ronron ; Hollande ne change ni de gouvernement (même pas Taubira), ni de politique ; L. -R. Se replonge dans sa pri-
    maire et ses guerres de chefs ; Sarkozy fait sa crise périodique d'autorité ; les Le Pen
    dénoncent l'UMPS (cette fois, c'est un peu plus fondé) et Mélenchon grogne dans son
    coin. Effectivement ils ont compris le message...
    Nous ce qu'on comprend, c'est qu'ils sont bien trop nombreux à vivre sur les deniers publics, dans le genre "passe-moi le sel, je te passerai le poivre", comme notre ex-illustre Président pourrait le dire (il finira "Immortel").
    Alors que faire ? Impossible de préconiser l'abstention de tous ; depuis qu'ils rabâchent
    que voter est un devoir... Même s'il y a déjà 50 % de convaincus.
    Ce qu'on aurait aimé, c'est qu'ils nous disent ce qu'ils avaient compris. Mais là, c'est
    trop en demander.