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« Din wa Dunia », une nouvelle revue marocaine pour un islam universel

Souleiman Bencheikh, enfant de la presse indépendante des années 2000, lance un mensuel francophone consacré aux religions et aux cultures d’islam et d’ailleurs.

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Publié le 08 décembre 2015 à 17h55, modifié le 09 décembre 2015 à 15h18

Temps de Lecture 3 min.

La couverture du premier numéro de la revue marocaine

Lancée le 1er décembre, la revue Din wa Dunia est arrivée à point dans les kiosques du royaume : entre désaffection des lecteurs de la presse papier et le choc né des récents attentats revendiqués par des djihadistes, à Beyrouth, à Paris, à Bamako ou à Tunis. Le credo de ce nouveau mensuel : ne pas céder aux peurs et contribuer à une meilleure connaissance des religions et des cultures, qu’elles soient d’islam ou d’ailleurs.

Un projet au titre évocateur et ambitieux, din signifiant « religion » et dunia désignant le monde, l’univers, la société. L’islam est dit « Din wa dunia », c’est-à-dire porteur d’une polysémie, à la fois religion et civilisation, croyance et monde. L’expression s’oppose aussi aux lectures théocratiques qui avancent que l’islam est « Din wa dawla », religion et Etat. Tout un programme donc.

Agé de 35 ans, son fondateur est un enfant de la presse indépendante qui a éclos au Maroc à la fin du règne de Hassan II. Souleiman Bencheikh explique au Monde Afrique que son projet est le fruit d’une longue réflexion : « J’ai toujours chéri l’ambition de lancer un magazine culturel, mais j’hésitais entre les formats journalistiques et mes envies. La pertinence du thème des religions s’est imposée comme une évidence a posteriori. » Auparavant, le jeune directeur de la publication et de la rédaction de Din wa Dunia avait fait ses armes dans les rédactions francophones du Journal, de TelQuel, avant de participer à la fondation du mensuel historique Zamane.

Ilyas Al-Omari en « mécène »

L’idée de Bencheikh est d’installer Din wa Dunia au cœur des débats sur l’islam en tant que civilisation, en résonance avec les autres religions et cultures. Une ouverture pensée depuis le Maroc, dont il rappelle l’étymologie arabe maghrib, qui signifie « Occident musulman ». « La recette d’un projet solide est simple sur le papier, explique-t-il. Un concept novateur, de la qualité dans le fond et dans la forme, et un actionnariat stable. » Il ne restait qu’à passer au stade opérationnel.

Souleiman Bencheikh y travaille à plein-temps depuis plus d’un an. « J’ai rencontré un engouement formidable. Dans l’équipe de journalistes, de contributeurs et parmi les universitaires qui forment notre conseil scientifique, d’abord. J’ai aussi, sur la recommandation d’amis communs, contacté Ilyas Al-Omari, qui a immédiatement cru au projet et décidé d’y investir. »

Ilyas Al-Omari est l’homme fort du Parti authenticité et modernité (PAM) – créé en 2008 par un proche du Palais qui l’a quitté depuis – et aussi celui qui s’est le plus opposé à l’islamiste Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement. « Je ne suis ni encarté au PAM, ni même ailleurs, poursuit Bencheikh. Ilyas Al-Omari est l’actionnaire principal de la société éditrice de Din wa Dunia, dont je détiens aussi des parts. » Une manière de marquer une distance avec l’engagement politique de son « mécène » – qui est aussi depuis septembre le président de la région Tanger-Tétouan-Al-Hoceima. « C’est un libéral avant tout. Il m’a fait confiance et n’intervient pas dans les choix éditoriaux du magazine », précise-t-il.

Une maquette audacieuse

De fait, le premier numéro propose un nouveau regard marocain sur les questions de religions. Le menu de décembre est copieux : une longue interview de Makram Abbès, traducteur du philosophe bagdadi Al-Mawardi, un dossier d’une vingtaine de pages dédié au choc historique islam-Lumières, un reportage sur une communauté de sœurs franciscaines en pays berbère à Midelt ; le portrait insolite d’un amiral aux temps des Ming ; des tribunes et même une chronique signée Sanaa Al-Aji, une journaliste star du Maroc.

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Ce lancement signe aussi le grand retour d’Ali Lmrabet, qui avait été interdit, en 2005, d’exercer sa profession pendant dix ans. Le tout, porté par une maquette soignée, parfois déroutante mais assurément l’une des plus audacieuses de la presse locale. Tiré à 10 000 exemplaires, ce magazine francophone – ce qui limite déjà son lectorat au Maroc – espère toucher une audience plus large.

A terme, explique son fondateur, Din wa Dunia devrait être accessible pour tous les lecteurs francophones. En Europe donc, mais aussi et surtout au Maghreb et en Afrique de l’Ouest. « Pour l’heure, une diffusion physique au Sénégal ou en Côte d’Ivoire nous a paru trop chère. Mais nous travaillons déjà à un site web qui permettrait de vendre le magazine sous format électronique, et nous privilégions les abonnements », confie le fondateur de Din wa Dunia.

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