CINÉMA - Le Dernier Jour d'Yitzhak Rabin, film réalisé par le cinéaste israélien Amos Gitaï, et qui devrait fortement déplaire à Benyamin Netanyahou, sort ce mercredi 16 décembre. Outre la précision avec laquelle le réalisateur revient sur le contexte de haine ayant conduit à l'assassinat du premier ministre israélien en novembre 1995, Amos Gitaï développe en parallèle, et de façon plus suggestive, le thème du fanatisme religieux.
Il n'y a qu'à voir comment ces intégristes arrivent à envisager la mort d'Yitzhak Rabin, allant jusqu'à prier pour sa disparition. "Nous sommes en droit de convoquer ici les anges de la destruction pour leur demander l'anéantissement de l'homme du mal", explique l'un d'eux dans une scène particulièrement forte.
Et l'assistance de scander ensuite: "et ils lui feront subir toutes les malédictions. Amen et amen", au terme de cette cérémonie antique appelée "Pulsa Da Nura", vieux rite kabbalistique consistant à demander la mort de cet "ennemi du peuple". Ci-dessous, Le HuffPost dévoile en exclusivité cette scène où l'on peut voir comment ces extrémistes appellent à la mort d'Yitzhak Rabin, trop favorable selon eux à la paix israélo-palestinienne.
Autre moment fort du film où cette thématique est développée: celui où l'on voit des colons israéliens s'installer sur une colline en Cisjordanie, dans un plan séquence qui mêle rites religieux et fusils mitrailleurs.
Sur la même table, les armes à feu et les livres sacrés cohabitent, montrant bien que ces extrémistes sont à l'opposé de toute solution pacifique. Animés par une sorte de guerre sainte, pourrait-on dire.
La présence d'un enfant caressant une arme souligne d'ailleurs les ravages de l'endoctrinement et cette obsession qu'ont les extrémistes à façonner de jeunes êtres, dans l'espoir qu'ils soient encore plus déterminés dans leur projet.
Et comme le montre en exclusivité l'extrait ci-dessous, on oublierait presque la spécificité de ce contexte, tant ces images où la violence côtoie la foi la plus aveugle nous ramènent à des tragédies plus récentes.
Alors, outre les seuls démons de la société israélienne, Amos Gitaï a-t-il voulu aller plus loin ? Le Dernier Jour d'Yitzhak Rabin ne pourrait-il pas non plus se comprendre comme une charge violente contre le fanatisme religieux quel qu'il soit ? Sur ce point, le cinéaste prend plaisir à laisser planer le doute. "C'est possible", nous a glissé le réalisateur dans un sourire complice.