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Publié le
Lundi 31 Août 2015
Une tribune de Quentin Delpech et de Nicolas Charles publiée le 31/08/2015 dans le Huffingtonpost.
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À l'horizon de dix ans, la France sera plus et mieux formée. Cette tendance positive, liée au renouvellement générationnel et à l'allongement de la scolarisation, dissimule pour autant une réalité plus complexe : en 2011, sur le territoire métropolitain, 2,5 millions d'adultes âgés entre 18 et 65 ans ayant été scolarisés en France sont en situation d'illettrisme, soit 7 % de la population ; en 2014, lors des Journées Défense et Citoyenneté, 31 000 jeunes avaient des difficultés graves à l'écrit assimilables à de l'illettrisme.

Au-delà de ce "noyau dur" d'individus en grandes difficultés, on trouve un halo d'adultes ayant un niveau faible dans la maîtrise des compétences de base : selon une récente enquête de l'OCDE sur les compétences des adultes, 22 % des adultes français ont un faible niveau dans le domaine de l'écrit et 28 % dans le domaine des chiffres. De manière générale, le niveau moyen des adultes français en lecture et en calcul est parmi les plus faibles des pays de l'OCDE. Seuls les adultes espagnols et italiens font moins bien. La part des adultes dotés d'un niveau faible en lecture est en France quatre fois plus élevée qu'au Japon et deux fois plus qu'en Finlande.

Ce constat sévère est préoccupant. Enjeu d'égalité et de cohésion sociale, la maîtrise des compétences de base est aussi un enjeu économique national. Au-delà d'accroître l'accès au marché du travail, la maîtrise de ces compétences favorise aussi la santé et l'engagement citoyen. Et à l'heure du numérique, elle est un levier crucial de développement économique. Pour chacun d'entre nous, c'est une condition essentielle de l'autonomie dans la vie quotidienne. Ces situations d'illettrisme induisent en effet des risques importants de précarité et d'enfermement socio-professionnel et peuvent brider la mobilité professionnelle et sociale des individus.

La lutte contre l'illettrisme doit ainsi être une priorité. Nombre d'acteurs, dans le monde de l'éducation et du travail, en ont pris conscience et mènent quotidiennement des actions particulièrement diverses (sensibilisation, familiarisation précoce à la lecture, actions éducatives familiales, formations spécifiques, etc.), en coordination avec l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). À côté de ces efforts, un objectif ambitieux doit être affiché par les pouvoirs publics. France Stratégie propose de viser une division par deux de la proportion de personnes en situation d'illettrisme d'ici à 2025. Malgré le recul de l'illettrisme - 9 % de la population en 2004 contre 7 % en 2011 -, une action volontariste est nécessaire. Cela passe par l'affirmation d'un droit pour chaque individu à un socle minimum de compétences de base et par la mise en place de dotations spécifiques pour les personnes concernées.

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