AboLe parcours énigmatique d'Hannibal Kadhafi
Le sulfureux fils du «Guide» avait disparu des écrans radars. Il est réapparu au Liban, entre les mains de la justice

Mais où était donc passé Hannibal Kadhafi? C'est la tête enroulée dans un keffieh, les yeux au beurre noir, qu'Hannibal Kadhafi est réapparu vendredi dernier, à la stupeur générale, sur les écrans de la télévision libanaise Al Jadid. Dans une vidéo, il demandait «à tous ceux qui ont des preuves à propos de la disparition de l'imam Sadr de les fournir sans tarder».
La vidéo a été diffusée peu après que le fils de Muammar Kadhafi ait été remis aux autorités libanaises, après avoir été enlevé par des «hommes armés», très probablement des partisans du parti chiite Amal, dans la plaine de la Bekaa. Interrogé par un juge libanais, le fils du «Guide» a été inculpé hier pour «dissimulation d'informations» sur la disparition de l'imam. Moussa Sadr, figure emblématique des années 60-70, a galvanisé la communauté chiite autour de thèmes comme la lutte pour la justice sociale et l'égalité politique des chiites avec les autres Libanais. Chaque année, des dizaines des milliers de Libanais commémorent sa disparition le 31 août 1978 en Libye, où il devait rencontrer Muammar Kadhafi. Hannibal Kadhafi – qui avait trois ans à l'époque – est soupçonné de détenir des informations sur son sort.
Recherché par Interpol
Homme violent, abonné à la rubrique faits divers des journaux depuis le début des années 2000, il avait jusqu'ici échappé à la justice. Tabassage, conduite à 140 km heure à contresens sur les Champs-Elysées, et surtout plusieurs affaires de maltraitance de domestiques, notamment à Genève (voir encadré ci-dessus). A chaque fois, il était parvenu à se racheter une virginité à coups de pétrodollars et de pressions politiques.
Mais les temps ont changé. L'ancien médecin de 40 ans est en effet sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice libyenne et recherché par Interpol, même s'il n'est pas réclamé par la Cour pénale internationale, comme son frère Seif el-Islam.
Algérie, Oman, Syrie
Hannibal Kadhafi a quitté la Libye à la fin de l'été 2011, après avoir défendu Gharyan, une ville au sud de Tripoli. Puis il a reçu l'asile en Algérie, avec une partie de la famille Kadhafi. Moins de deux ans plus tard, les Kadhafi obtiennent l'asile pour «des raisons humanitaires» au sultanat d'Oman. Ensuite, sa trace se perd. Il aurait résidé un an à Oman, avant d'aller vivre à Damas, en Syrie, selon plusieurs médias libanais, pour échapper à une possible extradition vers la Libye. Le Daily Star, quotidien libanais citant des sources sécuritaires, évoque son implication dans le kidnapping de Souleiman al-Assad, un cousin de Bachar el-Assad, connu pour ses coups de sang. Hannibal pourrait être venu rencontrer secrètement sa femme au Liban, Aline Skaf, une ancienne mannequin libanaise, même si la famille de cette dernière a démenti.
«Opération de Rome»
Lors de son interrogatoire, Hannibal Kadhafi aurait fourni des informations sur l'«opération de Rome», l'opération de diversion des services secrets de Tripoli, faisant croire que l'imam chiite aurait été à Rome. Selon la version officielle, Moussa Sadr aurait quitté la Libye pour l'Italie. Son passeport et diverses affaires avaient été retrouvés dans un Holiday Inn de la place. Pourtant, en juillet 2015, la justice italienne a affirmé que Moussa Sadr et ses deux compagnons n'étaient jamais arrivés sur sol romain.
La capture d'Hannibal Kadhafi annonce peut être l'épilogue d'une enquête qui empoisonne depuis près de quarante ans les relations entre la Libye et le Liban.
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