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Les femmes davantage pénalisées financièrement lors des séparations

L’augmentation des séparations et de la part des familles monoparentales expose les femmes à un plus grand risque de pauvreté, révèle l’Insee.

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Publié le 15 décembre 2015 à 17h16, modifié le 16 décembre 2015 à 15h54

Temps de Lecture 4 min.

Les parcours de vie Ă©voluent mais demeurent très liĂ©s aux sexes. Et Ă  l’arrivĂ©e, ce sont les femmes qui y perdent. C’est la conclusion que l’on est tentĂ© de tirer d’une Ă©tude inĂ©dite, « Couples et familles Â», publiĂ©e mercredi 16 dĂ©cembre par l’Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques (Insee).

Ce travail permet de se pencher plus avant sur la fragilisation des unions, un phĂ©nomène qui prend de l’ampleur et qui se traduit par une part grandissante de familles monoparentales. Celles-ci reprĂ©sentent 20 % des familles en 2011, contre 16 % en 1999. Une tendance que l’on observe Ă©galement Ă  l’échelle de l’Europe, mĂŞme si les pays de l’Est conservent, par exemple, des taux de monoparentalitĂ© faibles, signe d’un attachement aux normes traditionnelles et d’une forte emprise de la religion.

Sans surprise, en France, ce sont les femmes qui ont la charge de 85 % des familles monoparentales, une situation qui les expose Ă  un risque de pauvretĂ© plus important.

Prééminence de la monoparentalité maternelle

S’il est « de plus en plus frĂ©quent de vivre plusieurs unions au cours de sa vie Â», comme le rappelle Vianney Costemalle, l’un des auteurs de l’étude de l’Insee, hommes et femmes sont inĂ©gaux face Ă  la sĂ©paration. Les premiers se remettent plus rapidement en couple après une rupture. Et « le fait d’avoir au moins un enfant mineur est pour les femmes, contrairement aux hommes, un “frein” pour former Ă  nouveau une union cohabitante Â». Une femme ayant un enfant de moins de 5 ans a, par exemple, près de deux fois moins de chance de se remettre en couple qu’une femme sans enfant.

Ce phĂ©nomène s’explique, au moins pour partie, par cette prĂ©Ă©minence de la monoparentalitĂ© maternelle. MĂŞme si, Ă  la lumière des dĂ©cisions des juges aux affaires familiales de 2012, on note que la rĂ©sidence alternĂ©e a fortement progressĂ©, la rĂ©sidence chez la mère demeure la règle dans 75 % des cas, tandis que celle chez le père reste stable Ă  7 %.

La situation de monoparentalitĂ© s’est en outre « rĂ©pandue surtout parmi les femmes moins diplĂ´mĂ©es Â», rapporte l’Insee. Celles-ci ont en effet leurs enfants plus tĂ´t : par consĂ©quent, la probabilitĂ© qu’elles aient des enfants lorsqu’elles se sĂ©parent est plus Ă©levĂ©e. Aussi, les mères de familles monoparentales « connaissent des difficultĂ©s d’insertion sur le marchĂ© du travail Â» : elles sont confrontĂ©es Ă  un taux de chĂ´mage de 15 % quand celui des femmes en couple est de 7 %. Leurs conditions de vie sont in fine « moins favorables Â» avec un revenu moyen des familles monoparentales Ă©tabli Ă  1 240 euros par mois, quand celui des couples avec enfant(s) atteint 1 880 euros en moyenne. Et ce, malgrĂ© l’effet des transferts sociaux, fiscaux et du versement d’une pension alimentaire.

Parce que les femmes font face Ă  des dĂ©penses plus importantes, notamment en matière de logement, pour assumer la garde des enfants, mais aussi parce qu’elles apportent en moyenne moins de ressources au mĂ©nage, elles ont plus Ă  perdre dans une rupture. « La sĂ©paration entraĂ®ne une baisse de niveau de vie de 3 % en moyenne pour les hommes et de 20 % pour les femmes Â», rapporte Marie Reynaud, Ă  l’Insee.

70 % de familles « traditionnelles Â»

En rĂ©percussion de cette fragilitĂ© Ă©conomique, on observe que « 35 % des enfants pauvres rĂ©sident en famille monoparentale, alors que ces familles accueillent moins de 20 % des enfants mineurs Â». Au total, 25 % des enfants mineurs vivent dans une famille recomposĂ©e ou monoparentale, soit 3,4 millions d’enfants. Ce qui veut dire, et c’est l’autre grand enseignement de l’étude, que la plupart des enfants mineurs vivent avec leurs deux parents.

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N’en dĂ©plaise aux annonciateurs du dĂ©membrement de la cellule familiale, les familles « traditionnelles Â» – constituĂ©es d’un couple et d’enfants nĂ©s ou adoptĂ©s de leur union – demeurent majoritaires en France. MĂŞme si leur part est passĂ©e de 75 % Ă  70 % entre 1990 et 2011, elles continuent d’être prĂ©pondĂ©rantes par rapport aux familles monoparentales (20 %) et recomposĂ©es (10 %).

De la mĂŞme manière, « le mariage reste la situation conjugale la plus rĂ©pandue Â», chez 76 % des couples qui cohabitent. Bien que la tendance soit nettement Ă  la baisse par rapport Ă  1990, quand 87 % des couples installĂ©s Ă©taient mariĂ©s, les unions contractualisĂ©es – qui englobent le mariage et le pacs (pacte civil de solidaritĂ©) – concernent 8 couples cohabitant sur 10. Les derniers chiffres connus confirment toutefois la dĂ©saffection du mariage puisque trois pacs pour quatre mariages ont Ă©tĂ© conclus en 2013. La part des unions libres grossit quant Ă  elle pour s’établir Ă  20 % des couples cohabitant.

« Les gens se marient moins, plus tard, il y a moins de remariage et plus de la moitiĂ© des naissances se produisent hors mariage, mais le couple reste une valeur forte Â», rĂ©sume Magali Mazuy, de l’Institut national d’études dĂ©mographiques, qui a Ă©galement travaillĂ© sur le sujet.

En 2011, en effet, 66 % des adultes vivaient en couple, dont 0,6 % en union homosexuelle. « Vivre ou avoir vĂ©cu en couple n’est pas moins frĂ©quent qu’autrefois, souligne Ă  son tour Vianney Costemalle. En revanche, les couples se forment de plus en plus tard et se sĂ©parent davantage. Â»

L’Insee parvient Ă  corrĂ©ler cette augmentation des sĂ©parations avec diffĂ©rents facteurs sans qu’il soit possible de dire s’il s’agit de liens de causalitĂ©. Le fait d’avoir des enfants, de contractualiser une union ou d’être plus âgĂ© au moment de la cohabitation est liĂ© Ă  un risque de rupture moindre. A contrario, les enfants de parents sĂ©parĂ©s « ont une probabilitĂ© plus forte de rompre une union Â».

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