IVG : l'Assemblée a voté l'article supprimant la notion de «détresse»

 

IVG : l'Assemblée a voté l'article supprimant la notion de «détresse»

    L'Assemblée nationale a voté, tard mardi, l'amendement PS confortant le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France. L'article «5 quinquies C» du projet de loi sur l'égalité femmes-hommes supprime la notion de «détresse» pour une femme voulant demander une IVG. Il a eu lieu après un débat passionné, parfois grave, de plus de deux heures, en présence d'une centaine de députés.

    La gauche a fait bloc pour défendre «un toilettage d'une formulation devenue obsolète» de la loi Veil de 1975, clamer le droit des femmes à disposer librement de leur corps et dénoncer tout diktat d'un «ordre moral» et tout «retour en arrière» sur l'IVG à l'image de l'Espagne. Ce pays, où le gouvernement de droite a présenté en décembre un projet supprimant quasiment l'avortement, a été cité à de nombreuses reprises par la gauche comme la preuve d'un risque de «régression» possible de ce droit des femmes.

    Beaucoup d'élus de gauche ont souligné qu'une IVG n'était «jamais un acte banal» mais une «décision douloureuse» et qu'une femme n'y recourait pas «pour le plaisir» ou comme «moyen de contraception». La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a notamment souligné que «l'IVG est un droit à part entière et pas une simple tolérance assortie de conditions».

    VIDEO. La notion de «détresse» disparaît de la loi sur l'IVG

    La majorité des orateurs de l'UMP, souvent des membres de l'Entente parlementaire pour la Famille, ont plaidé contre la suppression de la notion de «détresse», estimant que cette «modification dogmatique» remettait en cause «l'équilibre» de la loi Veil et refusant toute «banalisation de l'avortement». Deux jours après une «Marche pour la vie», qui a réuni de 16 000 à 20 000 personnes à Paris, ils ont aussi reproché à la majorité de vouloir diviser les Français et de vouloir se «ressouder» autour d'un sujet de société entre «sociaux-démocrates, gauche, Front de Gauche qui n'ont plus grand chose en commun sur le plan économique et social».

    Jean-François Copé contre l'amendement

    Affirmant notamment que «jamais la notion de «détresse» n'a empêché une femme d'avoir accès à l'IVG» et accusant la gauche de «casser ce qui fait consensus» par seul «intérêt politicien, politicard», le chef de file des députés UMP Christian Jacob a voté contre l'article. Mais des élues comme Nicole Ameline ou Françoise Guégot ont défendu la disparition de la notion de «détresse». «Dénier aux femmes la capacité de juger elles-mêmes, de décider serait un recul juridique et une défaite de la pensée», a lancé la première.

    Ce vote ne convient pas non plus au président de l'UMP. Jean-François Copé affirme en effet, dans une interview à Valeurs actuelles, à paraître ce jeudi, qu'on ne doit «pas toucher à la loi Veil» et accuse le gouvernement de vouloir «cliver les Français». «Le gouvernement est pitoyable quand il cherche à diviser alors que tout le monde pourrait s'entendre sur un vrai progrès : mieux prévenir les grossesses non-désirées et mieux accompagner les femmes enceintes en difficultés qui souhaitent garder leur enfant».

    A l'UDI, si Sonia Lagarde puis Jean-Louis Borloo ont personnellement soutenu l'article, ils ont regretté qu'il «crée une fracture inutile dans notre société, source de tensions et divisions». L'extrême droite a, elle, plaidé pour la suppression de l'amendement controversé. «Pour défendre, quoi qu'on en dise, la vie, il faut conserver ces gardes fous qui sont aussi moraux», a estimé Marion Maréchal-Le Pen (FN).

    VIDEO. Najat Vallaud-Belkacem : la notion de détresse devenue «obsolète»