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La Fed relève ses taux pour la première fois depuis 10 ans

La Réserve fédérale américaine relève ses taux directeurs d’un quart de point, entre 0,25 % et 0,5 %.

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La Fed a annoncé, mercredi, une hausse d’un quart de point de ses taux directeurs

Par Lucie Robequain

Publié le 16 déc. 2015 à 20:00

Les Etats-Unis en ont fini avec l’argent gratuit. La Réserve fédérale américaine a annoncé, mercredi, une hausse d’un quart de point de ses taux directeurs (désormais compris de 0,25 % à 0,5 %). Le terme d’historique n’est pas de trop pour qualifier cette décision, qui met fin à la période la plus inédite que l’Amérique ait connue en matière monétaire.

La dernière hausse de taux remonte à près d’une décennie (juin 2006) , autant dire une éternité pour les marchés. Voilà sept ans que les taux d’intérêt sont proches de zéro (0 % à 0,25 %). Jamais le pays n’avait profité, si longtemps, de niveaux aussi bas.

Approuvée à l’unanimité par les dix membres du comité de politique monétaire, cette décision reflète la confiance retrouvée des Etats-Unis. Avec une croissance estimée à 2,3 % l’an prochain et une situation de quasi-plein-emploi (5 % de chômeurs) , le pays est effectivement redevenu l’un des grands moteurs de l’économie mondiale.

Incertitude autour de l’inflation

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La Fed se montre aussi confiante en matière d’inflation, qui a pourtant bien du mal à dépasser 1 % par an (1,3 % selon l’indicateur faisant référence à la Fed). Elle espère atteindre l’an prochain les 2 % nécessaires pour doper les salaires et porter l’économie à plein régime. L’histoire a malheureusement montré qu’elle pèche souvent par optimisme : voilà quatre ans qu’elle prédit une résurgence de l’inflation, et quatre ans qu’elle se trompe. Les dernières nouvelles pourraient encore doucher ses espoirs : le prix du pétrole, qui vient d’atteindre un nouveau plancher (35 dollars le baril), comprime les prix. La flambée du dollar aussi, qui rend moins chères les importations.

Pas de nature à bouleverser l’économie du pays

Mais la patronne de la Fed, Janet Yellen, contrôle sa prise de risque : la hausse d’un quart de point qu’elle vient d’annoncer n’est pas de nature à bouleverser l’économie du pays. A ce stade, les conditions de financement américaines restent ultra favorables, et le sont d’autant plus que la Fed maintient d’autres leviers d’action. La première hausse de taux importe en fait beaucoup moins que les suivantes.

Le changement pour les ménages et les entreprises ne sera réellement perceptible qu’avec des taux d’intérêt de 1 % ou 2 %. C’est un scénario qui pourrait intervenir en fin d’année prochaine, si l’on en croit les vues exprimées par les membres du comité de politique monétaire. Interrogés en septembre dernier, ils anticipaient des taux d’intérêt à 1,4 % en fin d’année 2016, soit l’équivalent d’une hausse par trimestre. Le retour à la normale, que l’on situe autour de 3,5 %, n’interviendrait qu’en 2019.

Scénario incertain

Mais l’hypothèse de voir ce scénario se concrétiser est tout sauf certain. Plus pessimistes que la Fed, la majorité des économistes interrogés par le « Wall Street Journal » (58 %) pensent qu’elle rétablira des taux proches de zéro dans les cinq ans qui viennent. Le scénario semble d’autant moins farfelu que les banques centrales ayant augmenté leur taux récemment ont été toutes obligées de faire marche arrière (Suède, Israël, etc.). « La Fed a attendu tellement longtemps que sa décision intervient en fin de cycle, au moment où la croissance décélère : l’économie américaine a connu un pic en 2014, c’est à ce moment-là qu’elle aurait dû agir », explique Thomas Costerg, chez Standard Chartered

.

Il pense que la Fed annoncera une nouvelle hausse de taux en mars, pour faire finalement marche arrière en fin d’année prochaine. « Cette décision aurait dû être prise il y a deux ans », abonde Dennis Gartman, l’un des grands experts des matières premières à Wall Street. « La Fed devrait déjà afficher des taux de 2 % ou 3 %, pour les rabaisser à l’heure de la prochaine récession », ajoute-t-il . Avec des milliards de dollars à son bilan, et des taux d’intérêt à 0,25 %, la Fed n’a de fait, quasiment aucun moyen d’affronter une nouvelle crise aujourd’hui.

Lucie Robequain (Bureau de New York)

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