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Le tour de passe-passe grossier de Hollande pour inverser la courbe du chômage

François Hollande détaillera les mesures du nouveau plan d'urgence en faveur de l'emploi le 13 janvier. François BOUCHON/Le Figaro

LE SCAN ÉCO/DÉCRYPTAGE - Si l'intention est louable, former plus de chômeurs en 2016 vise avant tout à faire baisser artificiellement le nombre d'inscrits en catégorie A, estime Marc Landré, rédacteur en chef du service économie France au Figaro.

La ficelle est un peu grosse et elle pourrait même ne pas être efficace… En détaillant le 13 janvier prochain son nouveau plan d'urgence en faveur de l'emploi centré sur la formation des chômeurs et construit en partenariat avec les régions (notamment de droite), François Hollande espère marquer des points auprès des Français en démontrant qu'il s'attaque réellement au chômage endémique qui gangrène le pays depuis plusieurs années. Et qui demeure, malgré le risque terroriste, la préoccupation numéro 1 des Français. Le chef de l'État n'a en l'occurrence pas le choix. En liant sa candidature en 2017 à une inversion durable et continue du chômage, il est acculé, faute de croissance suffisante, à trouver la martingale qui lui permettra d'arriver -enfin- à ce résultat. Et ce, en période de hausse constante du chômage...

Et comme tout président de la République qui veut un effet rapide, il sort l'artillerie lourde et mise, pour y parvenir, sur une bonne vieille manipulation statistique déjà éprouvée. Selon toute vraisemblance, il devrait en effet une nouvelle fois annoncer un renforcement du plan de formation prioritaire des chômeurs qui, en deux ans, est déjà passé de 30.000 bénéficiaires en 2014 à 150.000 en 2016 (il a déjà porté le quorum pour l'année prochaine de 100.000 à 150.000 lors de la conférence sociale d'octobre). Là, l'objectif est clairement de franchir la barre des 200.000 l'année prochaine, voire même des 300.000, pour un coût supplémentaire de quelque 800 millions d'euros par an seulement… «En matière d'apprentissage, en matière de formation des demandeurs d'emplois, il faut que nous allions bien au-delà», a d'ailleurs confirmé Myriam El Khomri, la ministre du Travail, mardi à l'Assemblée.

« Moi je veux faire sortir mon pays de cette accoutumance pour le chômage. Je veux que la valeur travail soit partagée par tous »

Manuel Valls

A supposer que les équipes de Pôle emploi, submergées par les inscriptions nouvelles de demandeurs d'emploi et la gestion de portefeuilles qui ne cesse d'enfler -certains dépassent les 700 inscrits-, puissent suivre, l'objectif est ici très clair: parvenir à une baisse rapide, mais artificielle, du nombre d'inscrits en catégorie A (sans activité) en organisant leur transfert, via des formations, vers la catégorie D qui regroupe les demandeurs d'emplois non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi en raison d'un stage, d'une maladie ou encore… d'une formation.

Quelque 100.000 à 150.000 chômeurs qui sortent en quelques mois de la catégorie A -et donc des statistiques officielles, le gouvernement ne communiquant que sur cette seule catégorie-, ça devrait se voir et avoir son petit effet sur l'opinion, se dit en effet le président. Surtout quand le compteur affiche depuis le début de son quinquennat un solde positif de plus de 700.000 chômeurs de plus…

« En matière d'apprentissage, en matière de formation des demandeurs d'emplois, il faut que nous allions bien au-delà »

Myriam El Khomri

Nicolas Sarkozy avait déjà utilisé cette technique pendant la crise. Ainsi au printemps 2012, il avait assuré que tous les chômeurs de longue durée seraient reçus rapidement par leur conseiller Pôle emploi pour se voir proposer une formation qualifiante ou un emploi. L'ex-président avait même augmenté le stock de formations disponibles et dégagé des crédits supplémentaires. En vain. Cette promesse n'a jamais été suivie d'effets...

Reste que cette technique a rarement porté ses fruits. Ainsi, le nombre d'inscrits en catégorie D fluctue de l'ordre de +/-10.000 chaque mois, pour se situer aux alentours des 280.000 depuis deux ans. Et ce, malgré que les effectifs de bénéficiaires de ces formations prioritaires aient été multiplié par trois sur la période.

Quoi qu'il en soit, des chômeurs qui entrent en formation ne sortent pas du chômage. Ils restent inscrits à Pôle emploi mais changent de catégorie, passant de celle la plus exposée médiatiquement à celle qui l'est le moins. Le tour de passe-passe est connu. Et nul doute que si le nombre d'inscrits en catégorie D se mettait à faire un bond à quelques mois de la présidentielle, il pourrait alors se retourner contre son initiateur…

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195 commentaires
  • boubou88

    le

    pourquoi aucune femme ou homme politique n'ose avouer qu'il n'y a pas assez de travail a plein temps pour tout les chômeurs .!!!!!!!