ELECTIONS REGIONALES - Fini les élections, place à l'action. Cinq régions métropolitaines et quatre d'outremer élisent ce vendredi 18 décembre leur nouveau président. Si le mode de scrutin des élections régionales ne laisse aucun suspense sur l'identité des futurs patrons des collectivités, ceux-ci devraient profiter de cet instant solennel pour réaffirmer leurs ambitions dans une carte administrative profondément renouvelée. Outre le président de région, les conseillers régionaux doivent élire les vice-présidents et les autres membres de la commission permanente, qui constituent l'exécutif régional.
Réforme territoriale oblige, seule la moitié des régions et collectivités territoriales dont le périmètre n'a pas été modifié auront toutefois un président ce vendredi. Dans les sept régions fusionnées lors du redécoupage, l'élection aura lieu le 4 janvier (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Normandie). Les nouvelles grandes régions ne verront en effet officiellement le jour que le 1er janvier.
Quelles seront les premières mesures prises par ces nouveaux présidents de région? Leurs annonces.
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine: Philippe Richert (LR)
Président sortant LR de l'Alsace et élu avec le concours de la gauche pour battre le FN, Philippe Richert aura fort à faire pour assurer la fusion de la nouvelle grande région Est qui court de Reims à Strasbourg. Sa priorité? Assurer la fusion des services régionaux "avant la mise à plat de la politique d'accompagnement économique".
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes: Alain Rousset (PS)
Président PS sortant d'Aquitaine, Alain Rousset a été élu sans difficulté dans la plus grande région de France. Ayant fait la campagne en tête, il est resté flou sur sa priorité, martelant toutefois sa volonté de faire baisser le chômage des jeunes. Outre la fusion d'une collectivité grande comme l'Autriche, il lui faudra rapidement régler le dossier de la LGV Sud Europe Atlantique vers l'Espagne, honnie par ses alliés écologistes.
Auvergne-Rhône-Alpes: Laurent Wauquiez (LR)
Chef de file de la droite dure des Républicains, Laurent Wauquiez a été largement élu à la tête de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes. Après avoir fait campagne sur la baisse des dépenses et sur l'éthique des responsables politiques, sa première mesure sera avant tout symbolique: baisser le montant des indemnités des élus.
Bourgogne-Franche-Comté: Marie-Guite Dufay (PS)
Elue de justesse à la tête de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté, la présidente sortante socialiste veut mettre en place au plus vite une société d’économie mixte (SEM) pour booster l’investissement économique. Il lui faudra avant cela assurer la fusion des services administratifs et parallèlement arrêter le nom de la nouvelle collectivité.
Bretagne: Jean-Yves Le Drian (PS)
Envoyé en mission pour garder à la gauche les terres bretonnes menacées, Jean-Yves le Drian a plus que remporté son pari en étant réélu avec plus de 50% des voix. Pas de fusion en perspective, la continuité des politiques menées devrait donc se maintenir. En revanche, le ministre de la Défense a clairement laissé entendre qu'il cumulera son portefeuille avec celui de président de région. Sa première décision sera donc avant tout de nommer un premier vice-président capable de le suppléer dans les années à venir.
Corse: Gilles Siméoni (Nationaliste)
A 48 ans, le nationaliste Gilles Simeoni a été élu le 16 décembre à la tête de la collectivité corse. Artisan du rapprochement avec les indépendantistes pour présenter une liste unique au second tour des territoriales, il ne dispose que d'un court mandat de deux ans avant la mise en place de la nouvelle collectivité territoriale de l'Ile de Beauté. En attendant, celui-ci a promis de tout faire pour obtenir l'inscription dans la Constitution de la spécificité Corse, préalable indispensable avant un éventuel transfert de souveraineté.
Centre-Val-de-Loire: François Bonneau (PS)
Troisième du premier tour, le socialiste François Bonneau avait raison de croire en ses chances, avec l'apport des écologistes et communistes, de garder la région qu'il préside depuis 2007. Ce proche de Michel Sapin s'est fixé une double priorité pour la prochaine mandature: le doublement des aides à l’innovation et à la croissance et la gratuité des transports scolaires. Un geste fort adressé aux foyers ruraux et précaires où le Front national ne cesse de gagner du terrain.
Guadeloupe: Ary Chalus (DVG)
Tombeur surprise du président sortant Victorin Lurel, Ary Chalus, député de la 3e circonscription de la Guadeloupe, va prendre les rênes de la Guadeloupe, région ultramarine ancrée à gauche et frappée par un taux de chômage de 24%. Ce dernier s'est donné comme priorité de désendetter la région.
Guyane: Rodolphe Alexandre (DVG)
Président sortant du conseil régional, Rodolphe Alexandre, 62 ans, était le favori pour présider la collectivité territoriale de Guyane qui fusionnera région et département. Étiqueté DVG, ce rival de Christiane Taubira veut lancer en priorité de grands travaux d'infrastructures pour améliorer le maillage territorial.
Ile-de-France: Valérie Pécresse (LR)
À 48 ans, Valérie Pécresse a réussi un coup de maître en prenant la présidence de la région la plus riche de France. Dès le soir de son élection, l'ancienne ministre du Budget a annoncé que sa priorité serait la mise en place d'un "bouclier de sécurité", prévoyant notamment de nouveaux équipements pour les forces de l'ordre, la vidéosurveillance généralisée, des tests anti-drogue dans les lycées et le "licenciement des salariés radicalisés (fiche S) dans les services publics". Une dernière mesure qui devrait se heurter à de sérieux recours devant les tribunaux.
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées: Carole Delga (PS)
À 44 ans, l'ancienne secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat a été élue sans grande difficulté à la tête de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Sa priorité: lancer "un plan Marshall du BTP" pour doper la construction.
Martinique: Alfred Marie-Jeanne (Reg)
Allié à la droite martiniquaise pour battre le président socialiste sortant Serge Letchimy, l'autonomiste Alfred Marie-Jeanne retrouve les commandes du conseil régional devenu collectivité territoriale. Leur contrat de mandature ne prévoit pas de poser la question d'une autonomie renforcée voire d'une indépendance de la Martinique mais met l'accent sur la relance économique de l'île via de grands projets d'infrastructures.
Nord-Pas-de-Calais-Picardie: Xavier Bertrand (LR)
Ancien sarkozyste de choc devenu le symbole du front républicain après sa victoire contre Marine Le Pen, Xavier Bertrand prend la tête de la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie avec une double pression: celle de ses électeurs de gauche et de ses électeurs de droite qui attendent une gestion exemplaire. Sa priorité économique devrait mettre tout le monde d'accord: mettre en avant le canal Seine-Nord Europe pour lequel il prévoit la création de 10.000 emplois pendant les travaux, 10 à 20.000 ensuite.
Normandie: Hervé Morin (UDI)
Député UDI de l'Eure, ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, a remporté la Normandie réunifiée de justesse face à une gauche qui a bien résisté et à un Front national en pleine croissance. Priorité des priorités pour le seul président de région centriste: la relance de l'activité économique. Hervé Morin a promis de créer une agence régionale de développement dotée d’un fonds de 100 millions d’euros qui sera opérationnelle dès le mois de juin et sera chargée de toute la politique économique régionale.
Pays-de-la-Loire: Bruno Retailleau (LR)
Proche de François Fillon et patron des sénateurs Républicains, Bruno Retailleau avait promis que son premier geste à la tête des Pays de la Loire serait de demander l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et le début des travaux du futur aéroport. Sitôt élu, le nouveau président de région s'est entretenu avec le premier ministre Manuel Valls qui s'est engagé favorablement dans son sens.
Paca: Christian Estrosi (LR)
Elu à la tête de la région Paca avec le soutien des électeurs de gauche pour faire barrage au Front national, le futur-ex député-maire de Nice veut accorder une place à la gauche qui s'est sabordée. Il a proposé de mettre en place dès janvier un conseil territorial où siégeraient bénévolement des personnalités de gauche. Ce conseil serait piloté par trois anciens présidents de région (deux de gauche, un de droite) qui piloteraient cette initiative inédite.
La Réunion: Didier Robert (Les Républicains)
À 50 ans, le président sortant du conseil régional de La Réunion a réussi son pari de s'imposer face à la liste coalisée associant PS et Modem. Avant même son élection, Didier Robert avait promis de faire de la culture sa grande priorité dont le budget devrait doubler. Il a annoncé la mise en place, dès février 2016 des "premiers états généraux de la culture" de l'île.