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CriminalitéMafias: moins de meurtres, plus de corruption

Un grand procès avec 45 prévenus de la mafia de Rome s'est tenu au mois de novembre dans la capitale italienne.

Les mafias traditionnelles italiennes privilégient désormais la corruption à la violence. Elles renoncent au contrôle «militaire» de leur territoire pour se concentrer sur une «stratégie d'infiltration» des milieux économiques, politiques et institutionnels.

Les homicides perpétrés par les organisations criminelles sont en «très net déclin depuis 10 à 15 ans», mais les mafias se révèlent «extraordinairement habiles à s'adapter à tous les territoires et à tous les milieux sociaux», où elles cherchent toujours plus à «accumuler des capitaux», a affirmé mardi le chef de la direction investigatrice antimafia (DIA), Nunzio Antonio Ferla.

Une opinion partagée par le procureur national chargé de combattre la mafia et le terrorisme, Franco Roberti, selon qui «la fin des mafias traditionnelles est proche».

Chiffre d'affaires de 16,5 milliards

Si l'Italie est classée 69e sur 175 pays dans l'indice de perception de la corruption établi par l'ONG Transparency International, elle le doit en partie à la mafia, a déploré le numéro deux de la police nationale, Matteo Piantedosi. L'homme assure que son pays «dispose à présent des anticorps nécessaires pour lutter contre le phénomène».

Selon l'institut national des statistiques (ISTAT), les activités illégales, dont les mafias représentent une forte partie, ont généré un chiffre d'affaires d'environ 16,5 milliards d'euros en 2013, soit quelque 1,1% du PIB italien.

Or, «cette criminalité a un effet négatif sur les investissements dans notre pays en général et en particulier sur ceux en provenance de l'étranger», a relevé le patron de la DIA, créée en 1991 à l'initiative du juge antimafia Giovanni Falcone, assassiné peu de temps après.

Blanchiment

Selon un rapport de la Banque mondiale, l'Italie a été privée d'environ 16 milliards d'euros entre 2006 et 2012 en raison des craintes des investisseurs étrangers vis-à-vis de la mafia.

Pour contrer un «ennemi aussi puissant et en mutation» constante, la DIA s'est concentrée cette année sur le contrôle des appels d'offres, la lutte contre le blanchiment d'argent et la saisie des patrimoines illicites. C'est «au moment d'investir leur argent sale que les mafieux sont les plus faibles», a expliqué Nunzio Antonio Ferla.

Grâce au système SOS , géré par la Banque d'Italie, la police financière réussit à «individualiser de soudaines accumulations de richesse», qui souvent traduisent l'activité mafieuse, a-t-il expliqué.

Arrestation, détention, confiscation

Au total, les biens saisis à la mafia se sont montés à plus de 2,6 milliards d'euros en 2015, et les confiscations définitives à plus de 500 millions d'euros.

D'une manière générale, le «modèle italien» se résume à un «trinôme essentiel», a expliqué le ministre de l'intérieur, Angelino Alfano: arrestation des criminels en fuite, durcissement de leurs conditions de détention et confiscation de leurs avoirs.

L'attention portée aux chantiers de l'exposition universelle de Milan, après une série de scandales initiaux, a aussi permis d'instaurer une «méthode» pour «éloigner les appétits des entreprises mafieuses» de futurs grands chantiers, a assuré Matteo Piantedosi.

Grave menace

Les Etats-Unis classent la Camorra (la mafia napolitaine) parmi «l'une des organisations criminelles les plus puissantes et les plus dangereuses au monde», aux côtés des Yakuzas japonais, des Zetas mexicains et de la mafia russe, a rappelé Nunzio Antonio Ferla.

Pour les autorités américaines, les mafias sont désormais «capables de mettre en péril la sécurité nationale et (constituent) une grave menace pour la politique étrangère et l'économie» des pays développés, a-t-il dit.

«Les mafias tuent moins, mais corrompent plus», a confirmé la présidente de la commission parlementaire antimafia, Rosy Bindi, se demandant cependant s'il fallait y voir «une preuve de leur habileté ou de la fragilité» d'une société durement touchée par la crise.

Impliquer les populations à l'école

Pour contrer la mafia, «il faut davantage impliquer les populations à l'école et au sein des entreprises», a ajouté cette députée de centre gauche. «Une mafia qui ne tire plus est sans doute plus dangereuse parce qu'elle nous fait payer le prix de la liberté».

ats