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Libération

L'Union africaine autorise l'envoi de troupes au Burundi

5 000 hommes vont être déployés au Burundi pour tenter de stopper les violences dans ce pays.
par AFP
publié le 19 décembre 2015 à 9h39

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, réuni vendredi à Addis Abeba, a décidé «d'autoriser le déploiement d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) pour une période initiale de six mois, renouvelable», et a demandé «au gouvernement du Burundi de confirmer dans les 96 heures suivant l'adoption de ce communiqué qu'il accepte le déploiement de la Maprobu et de coopérer avec elle».

Le CPS a prévenu que si Bujumbura devait s'opposer à l'envoi de cette mission, l'UA prendrait des «mesures supplémentaires» pour en assurer le déploiement.

Il est peu cependant probable que les autorités burundaises, qui ne cessent de dénoncer l'immixtion de la communauté internationale dans leur gestion de la crise politique dans laquelle est plongé le Burundi depuis huit mois, acceptent un déploiement militaire sur leur sol. Mais le CPS a insisté sur sa «détermination à prendre toutes les mesures appropriées contre toutes parties ou acteurs, quel qu'ils soient, qui empêcheraient la mise en oeuvre de cette présente décision».

5 000 hommes, soldats et policiers

La Maprobu comptera à ses débuts jusqu’à 5 000 hommes, soldats et policiers, ainsi qu’une composante civile, et intégrera les observateurs des droits de l’Homme et experts militaires déjà déployés au Burundi, a expliqué le CPS.

Elle aura pour objectif d'éviter «la détérioration de la situation sécuritaire», de contribuer «à la protection des populations civiles en danger immédiat», d'aider à créer les «conditions nécessaires» à la réussite d'un dialogue inter-burundais, et de faciliter «la mise en oeuvre de tout accord» auquel parviendraient les différentes parties.

Aucun détail n'a été fourni sur les pays qui pourraient participer à cette mission. Mais le CPS a demandé à l'UA d'entamer rapidement des discussions avec ses Etats membres et avec les «pays de la région» impliqués dans la Force est-africaine en attente (EASF), pour qu'ils fournssent «les troupes et les policiers nécessaires» à la création rapide de cette mission.

La décision du CPS intervient une semaine après l'attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province, les affrontements les plus intenses au Burundi depuis une tentative ratée de coup d'Etat militaire en mai.  Les affrontements et les opérations de ratissage qui ont suivi ont fait officiellement 87 morts, mais des ONG et l'ONU évoquent un bilan «bien plus élevé», dénonçant des exécutions extra-judiciaires.

Le Burundi a plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l’armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu.

La mise en échec du putsch en mai, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de Pierre Nkurunziza lors d’un scrutin controversé à la mi-juillet n’ont pas empêché l’intensification des violences, désormais armées.

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