Attentats du 13 novembre : Salah Abdeslam, fier d'être le «dixième»

LE FAIT DU JOUR. Trente-six jours après les tueries du 13 novembre (130 morts), les enquêteurs continuent d'assembler les pièces d'un puzzle macable. En voici les faits saillants.

Attentats du 13 novembre : Salah Abdeslam, fier d'être le «dixième»

    Avant l'aube du 14 novembre, Salah Abdeslam a cherché par tous les moyens à échapper à la police et quitter Paris. Il s'est d'abord tourné vers son cousin parisien, le suppliant de « venir le chercher à Châtillon dans le 92 » parce qu'il était « dans la merde ». Scotché à la télévision, le cousin refuse : « Je ne sais pas si t'es au courant, mais il y a des attentats. » « Ah ouais, il y a des attentats ? » lui répond Salah dans cet échange surréaliste.

    Avec le même téléphone, dont la puce a été achetée à Barbès au nom de l'écrivain voyageur du XIXe siècle, Pierre Loti, le terroriste en fuite contacte ses amis belges, Mohamed Amri et Hamza Attou. Après avoir convaincu ses copains de Molenbeek (Belgique) de venir le chercher à Paris, Abdeslam donne ses indications par texto depuis l'allée Vauban à Châtillon (Hauts-de-Seine) où il se cache à partir de minuit.

    Contrôlé trois fois en France

    A 2 h 22, la situation est critique : « J'ai plus de crédit. Au drive du Mac Do, attendez là, c'est au numéro un. » Amri reçoit le dernier texto de Salah à 5 h 27 juste avant d'arriver. Lui et Attou le décrivent « agité... pas à l'aise... pas bien ». Puis carrément menaçant : « Il nous a dit de le ramener à Bruxelles, sinon il ferait exploser la voiture. » Et pour persuader ses « exfiltreurs », Salah se vante d'avoir abattu des gens à la kalachnikov, ajoutant que son frère Brahim s'est fait exploser et que lui, le seul survivant, est le « dixième » terroriste. Soucieux d'éviter les contrôles policiers, Salah Abdeslam enjoint à ses convoyeurs d'emprunter les petites routes, mais le trio se perd et retrouve l'autoroute de Belgique. Ils n'évitent donc pas les barrages et subissent pas moins de trois contrôles, en France.

    Au premier, « le policier nous a demandé si on avait consomm?, selon le récit d'Attou. Salah reste silencieux sur la banquette arrière. Amri et son copain répondent « oui » puisqu'ils viennent de fumer un joint. « Le policier a dit que ce n'était pas bien, mais que ce n'était pas la priorité aujourd'hui. » Ce n'est qu'au deuxième contrôle qu'on leur demande leurs papiers. Au dernier, près de Cambrai, Salah donne même son adresse de Molenbeek. A cet instant, il n'est pas encore recherché.

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