1965-2015 : La France malade de ses élections présidentielles ?

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50 ans plus tard, l'élection présidentielle est confrontée à un véritable paradoxe : la critiquer n’a jamais été aussi consensuel mais dans le même temps, son principe n’a jamais été aussi peu contesté, notamment depuis que la Gauche l’a acceptée dans les années 70 et que François Mitterrand a renoncé à transformer les institutions après son élection en 1981.

Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Roussellier
Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Roussellier
© Radio France

S’il est un mécanisme qui a incontestablement bouleversé le fonctionnement de notre vie politique, c’est bien l’introduction en 1962 par le Général de Gaulle de cette élection du PR au suffrage universel direct, plaçant le président au centre du jeu – puisqu’il est le seul élu par l’ensemble des citoyens.

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Cette élection est, 50 ans plus tard, confrontée à un véritable paradoxe : la critiquer n’a jamais été aussi consensuel mais dans le même temps, son principe n’a jamais été aussi peu contesté, notamment depuis que la Gauche l’a acceptée dans les années 70 et que François Mitterrand a renoncé à transformer les institutions après son élection en 1981.

De nombreuses voix se sont en effet élevées depuis 1962 pour critiquer la dérive démocratique que constituerait une telle élection : fantasme immature de l’Homme providentiel, focalisation médiatique qui vire à l’hystérie au détriment de l’action politique en cours, concentration extrême des pouvoirs dans les mains d’un seul homme sans contre-pouvoir institutionnel réel.

Sans nier l’importance de ces critiques, il faut reconnaître dans le même temps que l’élection présidentielle fait l’objet d’un attachement qui semble devenu irrévocable de la part des Français – elle est la seule qui continue à mobiliser largement les citoyens par leur vote.

L’une des raisons de cette popularité tient peut-être au fait que cette élection répond à la question de l’incarnation du pouvoir politique, que la référence paresseuse à la mentalité supposée monarchique des Français ne suffit pas à épuiser.

Dans un univers politique de plus en plus complexe, le rôle conféré au Président par l’élection au SU permet aux citoyens de désigner au pouvoir un visage humain, une figure à laquelle identifier le système politique, mais aussi de désigner un responsable en cas d’échec.

Dans ce contexte, comment comprendre ce mouvement historique qui a vu le Président devenir le point nodal de notre vie politique, avant même 1962 ? Quelles sont les conséquences de cette évolution du système politique ? Et surtout, la France est-elle condamnée à l’hyperprésidentialisme actuel, faute d’arriver à renoncer à l’élection au SUD et à inventer un autre système politique plus inclusif du peuple ?

Voici quelques-unes des questions, passionnantes, centrales, que nous posons aujourd'hui à nos invités dans cet atelier du pouvoir consacré à l’élection présidentielle.

Avec Jean-Luc Mélenchon, ** député européen (Front de Gauche) et Nicolas Roussellier, ** Maître de conférences à Sciences Po, auteur récemment de* La force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France, XIXe-XXIe siècles * (Nrf essais/ Gallimard)

**Séquence internationale sur l’Iran avec Fariba Adelkhah, ** anthropologue du politique, directrice de recherche au CERi (Sciences Po)

Chronique livre: Catherine Clement , Jacques Chirac. Vie publique, archives privées (préface d'Alain Juppé), Hugo Image, 2015

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(...) On retombe un peu en enfance en se remémorant le parcours de cet homme qui a accompagné la vie de nos concitoyens tout en voyant défiler les décennies passées autour des discours, images et documents d’époque très bien reproduits. Le texte de Catherine Clément, clair, charpenté et truffé d’anecdotes,(...) met en valeur la capacité d’anticipation de ce stratège politique hors pair. ¨Par exemple, en anticipant la victoire de Mitterrand en 1981 et la cohabitation à venir par ce message envoyé dès le 9 mai au nouveau président par le biais de Michèle Cotta : « Vous qui connaissez bien François Mitterrand, pouvez vous lui dire que je suis prêt à être son Premier ministre dans 5 ans ? »

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