Une réfugiée syrienne tient des passeports pendant qu'elle fait la queue devant l'ambassade d'Allemagne à Beyrouth, le 10 septembre 2015

Une réfugiée syrienne tient des passeports pendant qu'elle fait la queue devant l'ambassade d'Allemagne à Beyrouth, le 10 septembre 2015

afp.com/JOSEPH EID

Gravure au laser, impression offset, les experts sont formels: "toutes les sécurités attendues sont présentes" sur les passeports de plusieurs membres de l'État islamique, dont deux des trois kamikazes du Stade de France. Pire, "aucune trace de fraude n'a été constatée, seules les photos auraient été changées". Ces "vrais-faux" documents fabriqués par Daech ne seraient pas une exception, mais une véritable industrie, rapporte ce dimanche Le Parisien.

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De quoi permettre à leurs combattants de se faire passer pour des réfugiés et de se déplacer plus librement pour perpétrer leurs attentats. Pour répondre à la question cruciale "combien sont-ils à avoir infiltré les rangs des réfugiés?", les enquêteurs sont remontés jusqu'à l'île de Léros, en Grèce. C'est ici que, le 3 octobre dernier, débarquaient 198 migrants dont le supposé Ahmad al-Mohammad, soufflé par sa propre bombe près de la porte D du Stade de France, et Mohammad al-Mahmod, décédé porte H dans les même circonstances.

Une course contre la montre

Le premier portait le document 003-14-L-010302, qui, explique Le Parisien, faisait partie d'un lot de 3800 documents vierges volés en Syrie lors d'un raid mené sur Raqqa et Deir ez-Zor. Le butin aurait été partagé entre Daech et Jabhat al-Nosra. Le second portait le document -en partie calciné- SY... 013-11-L05303, qui appartenait à un autre lot de 1 452 documents volés dans des circonstances similaires, à Raqqa, en 2013. Les deux auraient été "maquillés" par Daech de manière suffisamment professionnelle pour le pas éveiller les soupçons des douaniers européens.

Reste les 196 autres "migrants". Font-ils partie du complot, s'interroge le quotidien parisien. Les enquêteurs sont en tout cas bien décidés à les retrouver et découvrir leur véritable identifié. Ils savent déjà que 22 d'entre eux avaient officiellement rejoint la Suède fin novembre, quand dix autres se trouvaient au Monténégro. Sans oublier les deux suspects arrêtés début décembre dans un foyer de migrants en Autriche.

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Comme si ça ne suffisait pas, un autre problème s'ajoute à celui des faux passeports syriens: celui de l'utilisation frauduleuse de passeports occidentaux. Selon la DGSI, citée par Le Parisien, les jeunes recrues venant d'Europe seraient délestées, à leur arrivée sur le sol syrien, de leur (authentique) passeport. Ces documents seraient ensuite réattribués à des combattants de Daech physiquement ressemblants. De quoi compliquer encore la tâche des services secrets.

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