L'Assemblée prépare la route pour la voiture écologique

Une sénatrice UMP et un député EELV forment, a priori, un drôle d'attelage pour mener une réflexion commune sur les moyens de transport du futur. Et pourtant, Fabienne Keller et Denis Baupin ont travaillé main dans la main pour livrer ce jeudi un épais rapport qui met l'accent sur les conditions de création et d'utilisation de voitures plus écologiques. "Pour un élu vert comme moi, la tentation était forte de voir dans la voiture écologique un oxymore. Mais cela peut marcher si l'on prend des mesures concrètes", admet le député.

La voiture écologique ? Le quatre-roues idéal devrait remplir plusieurs objectifs exigeants : bilan énergétique complet du "puits à la roue", utilisation exclusive de carburant renouvelable et aussi matériaux 100 % recyclables. Bref, les constructeurs en sont encore loin aujourd'hui, même si les auteurs du rapport ont recensé une "soixantaine de projets de véhicules innovants".

Des mesures fiscales d'encouragements

Car à part une ou deux idées devenues réalité, les acteurs du monde automobile restent aujourd'hui bien frileux pour investir dans des véhicules qui correspondraient à ces critères. En France, les géants français du secteur, Peugeot et Renault, attendent des pouvoirs publics des "signaux positifs" avant de se lancer pleinement sur ce marché encore embryonnaire. C'est pour cela que les deux élus proposent une quinzaine de mesures afin de donner des avantages aux "pionniers" des véhicules "sobres, peu polluants (moins de 2 litres/100 kilomètres, NDLR) et de petite taille".

Parmi elles, il s'agit par exemple d'appliquer le système des certificats d'énergie, déjà utilisé pour les chaudières vertueuses, à ces véhicules. Mais aussi de leur réserver des couloirs de circulation, comme pour les bus, d'accentuer le système de bonus-malus en leur faveur ou encore d'avantager fiscalement les entreprises qui renouvellent leur flotte avec ces engins (un tiers du parc total d'automobiles).

Avec de telles propositions, la sénatrice Fabienne Keller espère en finir avec l'irruption dans les villes de ces imposants crossover et autres "4x4 urbains", qui transportent jusqu'à trente fois moins que leur poids : "Aujourd'hui, c'est vrai que les constructeurs, allemands en tête, font leur marge sur de grosses voitures puissantes et très équipées. (...) Mais dans un siècle, que dira-t-on de notre époque si peu efficace, si peu sobre !" assène l'élue alsacienne.