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Un ultimatum de quatre jours. Le gouvernement de Bujumbura a jusqu'à mardi prochain pour dire si, oui ou non, le pays est prêt à accueillir la force de 5 000 hommes que l'Union africaine compte déployer sur son sol.
« Une force d'invasion et d'occupation », prévient Bujumbura
Mais on sait d'ores et déjà que les autorités du pays réfutent toute idée d'intervention dans le pays. Bujumbura considère ce déploiement de l'UA dans son territoire comme « une force d'invasion et d'occupation », a déclaré à l'AFP le porte-parole adjoint de la présidence burundaise, Jean-Claude Karerwa. L'Union africaine a décidé vendredi de créer et d'envoyer au Burundi une force militaire de 5 000 hommes. La mission de l'UA sera chargée d'éviter « la détérioration de la situation sécuritaire » dans ce pays, de contribuer « à la protection des populations civiles en danger » et d'aider à créer les « conditions nécessaires » à la réussite d'un dialogue inter-burundais. « Si les troupes de l'UA venaient sans l'aval du gouvernement, il s'agirait alors d'une force d'invasion et d'occupation », a averti Jean-Claude Karerwa. Il a souligné que, pour les autorités burundaises, « la résolution de l'UA ne peut pas s'appliquer automatiquement (car) il faut d'abord l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU ».
L'Union africaine a-t-elle les moyens de sa politique ?
La décision de l'Union africaine est néanmoins soumise à l'accord des autorités burundaises. Sans le consentement du gouvernement du Burundi, cette force devra être approuvée par les deux tiers des chefs d'État africains, selon un diplomate. Toutefois, l'UA annonce dans son texte final qu'elle prendrait des « mesures supplémentaires » pour s'assurer que l'intervention ait lieu. La mission de six mois que prévoit l'Union africaine, nommée Maprobu, aura pour objectif d'éviter la détérioration de la situation sécuritaire, de contribuer à la protection des populations civiles en danger immédiat, d'aider à créer les conditions nécessaires à la réussite d'un dialogue inter-burundais et de faciliter la mise en oeuvre de tout accord auquel parviendraient les différentes parties. Le CPS n'a pas précisé quels pays fourniraient des troupes à la Maprobu. Mais il a demandé à l'UA d'ouvrir des discussions en ce sens avec les pays contribuant à la Force est-africaine en attente (EASF), une composante régionale de la Force africaine en attente (FAA). Or, le Burundi fait partie des pays contributeurs à l'EASF, et participe également aux missions de la paix de l'ONU en Somalie (Amisom) et en République centrafricaine (Minusca). « L'UA ne peut pas imposer des troupes de maintien de la paix au Burundi, alors que le Burundi lui-même participe à de telles missions et qu'il a d'ailleurs des forces en attente pour d'autres missions », a estimé M. Karerwa. « Le gouvernement du Burundi est capable d'assurer la sécurité et la protection de tous ces citoyens et de toute personne vivant sur son territoire », a-t-il ajouté.
Les violences s'aggravent, le pouvoir parle de « main tendue »
Le porte-parole présidentiel a toutefois semblé laisser une chance à la diplomatie. « Le Burundi garde toujours une main tendue vers la communauté internationale », a-t-il affirmé en indiquant que les deux chambres du Parlement se réuniraient lundi en congrès extraordinaire pour débattre de la décision de l'UA. Cette annonce de l'UA intervient une semaine après l'attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province, les affrontements les plus intenses au Burundi depuis une tentative de coup d'État militaire en mai. Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature, fin avril, du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l'accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l'armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu. La mise en échec du coup d'État, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de Pierre Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.