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Interview

« Nicolas de Tavernost (M6)  : Si Paris Première ne peut pas passer en gratuit, on fermera »

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Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6 revient sur la décision du CSA à l’encontre de Paris Première.

Par Nicolas Madelaine, Marina Alcaraz

Publié le 20 déc. 2015 à 20:26

Comment vous sentez-vous au lendemain de la décision du CSA concernant Paris Première ?

Nous sommes extrêmement déçus et dépités. Alors que nous sommes dans un paysage audiovisuel où l’offre d’info est déjà riche et devrait même faire l’objet d’un renforcement annoncé par la télévision publique, le CSA autorise LCI à passer­ en gratuit alors qu’il le refuse à Paris Première, chaîne de la culture, du spectacle vivant et du théâtre, qui aurait pourtant diversifié et enrichi l’offre de télévision gratuite. C’est totalement incompré­hensible. Ce n’est une bonne nouvelle ni pour le public, ni pour l’entreprise, ni évidemment pour nos équipes. Nous en sommes à notre troisième demande de passage en gratuit, qui a nécessité un travail bureaucratique insensé : auditions, documents à produire, étude d’impact, contre-étude d’impact, etc. Tout ça pour ça…

Le CSA dit qu’il n’y avait pas d’urgence économique pour Paris Première. Auriez-vous dû insister sur les risques de perte d’emplois, de fermeture, etc. ?

Nous avons fait la démonstration que Paris Première n’était pas viable en payant. Ce qui ne nous a pas empêchés de rationaliser son exploitation, sans toucher à son caractère original. Nous n’avons fait ni chantage à l’emploi ni chantage à la fermeture, nous avons simplement essayé d’avoir un dialogue constructif avec le CSA. Force est de constater que cette méthode n’était pas la bonne

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Le CSA est-il décrédibilisé ?

En tout cas, son raisonnement n’a pas de cohérence. Son président a justifié la décision parce que « la TNT est minoritaire dans les activités de Paris Première ». Mais c’est justement le problème ! Nous sommes par ailleurs soumis à d’invraisemblables contraintes bureaucratiques. Un exemple récent : un appel à candidatures avait été lancé pour de nouvelles chaînes HD sur la TNT, pour finalement s’entendre dire, après moult auditions au CSA, qu’il n’y avait plus de place, car l’Etat avait préempté ces fréquences.

Pourquoi n’y a-t-il pas de modèle payant pour Paris Première ?

Il n’y a pas de croissance des abonnés dans la télé payante. En outre, les plates-formes qui distribuent les chaînes payantes demandent de plus en plus de l’exclusivité. Pour cela, il faudrait­ ne signer qu’avec un seul opérateur, qui devrait alors nous payer plus que les 30 millions d’euros de budget de Paris Première. Même si c’était crédible, nous courrions le risque de ne dépendre alors que d’un seul opérateur et d’être otage une fois venu le temps de renou­veler le contrat. Actuellement, Paris Première vit sur un modèle mixte, avec des ressources liées, d’une part, à la publicité et, d’autre part, aux recettes d’abonnement. Or la publicité dans le modèle payant baisse du fait de la croissance de la TNT gratuite. Nous avons donc souhaité en tirer les conséquences et devenir totalement gratuit pour être compétitifs avec les autres chaînes de la TNT. Et donc atteindre une couverture de 100 % des foyers français, contre seulement 35 % aujourd’hui. C’était un risque d’entrepreneur que nous étions prêts à financer en trois ou ­quatre ans. Nous ne demandions pas de cadeaux, nous voulions continuer à investir.

Cela vaut-il la peine de se battre au Conseil d’Etat ?

On ne va pas se laisser abattre après vingt-neuf ans et 400 millions d’euros d’investissement dans les programmes. Notre dossier est bon. L’Autorité de la concurrence n’a rien trouvé à redire et le rapporteur public du Conseil d’Etat a fait un rapport explicite à notre avantage.

Etes-vous prêt à fermer Paris Première ?

Il n’y a pas de modèle payant. Si on ne peut pas passer en gratuit­, on fermera.

Le fait que vous ayez un actionnaire allemand a-t-il pu jouer ?

Certains le disent et des concurrents ont utilisé cet argument auprès du CSA. Je ne l’imagine pas, et le Groupe M6 va poursuivre, sans faiblir, son déve­loppement.

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