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LCI va devoir maintenant relever le difficile défi du passage en clair

•Les analystes s'inquiètent de l'avenir de LCI et commencent à parler de consolidation.•LCI veut croire à un projet différent.

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Par Marina Alcaraz

Publié le 21 déc. 2015 à 01:01

Des embrassades, des cris de victoire, des explosions de joie... Le passage en gratuit a été célébré chez LCI. Avec la décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Nonce Paolini obtient ainsi un « merveilleux cadeau de Noël » selon ses termes, avant son départ de la direction de TF1 en début d'année prochaine. Un « oui » du CSA, encore improbable il y a un an, le passage en gratuit ayant été refusé à l'été 2014. Mais cette décision du CSA avait été cassée par le Conseil d'Etat. Depuis, le groupe TF1, qui pendant longtemps n'avait pas cru à la TNT gratuite, a bataillé pour parvenir à devenir la 26e chaîne TNT en clair nationale. Paris Première et Planète+ ont, elles, été recalées (lire ci-contre).

Mais le champagne risque aussi de laisser un petit arrière-goût amer. L'action du groupe a lâché près de 4 % vendredi, alors que les investisseurs s'inquiètent des coûts engendrés et de l'avenir de la chaîne d'information. Le projet représente un investissement d'une vingtaine de millions d'euros en 2016, avec un objectif d'équilibre à horizon 2019. Nombre d'analystes ont perçu l'annonce comme une mauvaise nouvelle pour les résultats de TF1. Le groupe s'enfonce un peu plus « dans les ténèbres », juge Kepler Cheuvreux, qui a abaissé sa recommandation sur le titre (à « réduire »). « La diffusion gratuite devrait conduire à une forte hausse des pertes de LCI à 23 millions en 2016 (en termes d'Ebit) », ajoute Natixis. A comparer avec la prévision de -8 millions précédemment.

Les analystes et observateurs mettent en avant la vive concurrence qui existe dans le secteur : avec quatre chaînes d'information, la France serait un cas à part en Europe. Il y a déjà BFMTV (2,2 % d'audience au premier semestre), iTélé (1 %) et, potentiellement, la chaîne d'information publique, qui devrait être lancée à l'automne prochain.

LCI a un long chemin à parcourir pour se faire une place : avec une audience de 0,2 % sur le câble, satellite, ADSL sur la première partie de l'année, elle arrive loin derrière les autres. Le fait qu'elle soit sur un canal éloigné (a priori, le canal 26) constitue aussi un handicap. D'autant qu'elle ne peut profiter d'offres publicitaires couplées ou de promotions croisées avec TF1 pour l'aider à prendre son envol.

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Dans cette nouvelle donne, beaucoup craignent les répercussions économiques de cette autorisation de passage en clair. BFMTV a déjà prévenu qu'il risquait de tomber dans le rouge et a menacé de licencier. Et LCI, qui sera désormais financé uniquement par la publicité, ne « devrait pas atteindre le point mort à terme, selon Natixis. Seul un mouvement de consolidation pourrait permettre à LCI d'être profitable. » Le scénario le plus crédible serait un rapprochement LCI-iTélé - LCI en tant que consolidateur -, toutes deux déficitaires, selon l'analyste.

En outre, les recours devant le Conseil d'Etat annoncés par Paris Première et BFMTV pourraient peser comme une épée de Damoclès.

Transformation

Quoi qu'il en soit, les équipes de LCI et TF1 ont envie de relever le challenge. Le président de TF1, Nonce Paolini, s'est même permis un peu d'ironie vendredi : « J'ai une pensée émue ce matin pour Alain Weill [propriétaire de BFM, NDLR], iTélé dont je connais un peu moins les gens et pour "Le Monde" [qui s'est redit intéressé par LCI juste avant la décision du CSA, NDLR]. » Avec son nouveau projet, LCI a fait la promesse de se différencier de ses concurrents, en limitant la priorité au direct, au profit du décryptage et de l'analyse. Un concept qui rejoint d'ailleurs celui de la chaîne publique d'information. Dès janvier, il y aura quelques changements dans la grille, mais la vraie transformation aura lieu à la rentrée de septembre, avec davantage de magazines, aux côtés de flashs infos toutes les demi-heures.

Le nouveau LCI passera par le regroupement des rédactions de MyTF1 News et de Metronews, pour devenir une seule marque, sur plusieurs supports (Internet, smartphone, etc.). La nouvelle entité sera dirigée par deux patrons, Nicolas Charbonneau, jusqu'alors directeur adjoint de la rédaction de TF1, et Jean-François Mulliez, spécialiste du numérique au sein du groupe. La nouvelle structure comprendra ainsi environ 300 journalistes. Des recrutements ne sont pas exclus.

Marina Alcaraz

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