"Mein Kampf" enseigné dans les lycées allemands?
En 2016, "Mein Kampf" entrera officiellement dans le domaine public. Détenteur jusqu’alors des droits sur cet ouvrage qui préfigure la politique menée par les nazis entre 1933 et 1945 et notamment l’élimination des Juifs, le Land de Bavière ne pourra plus en bloquer la réédition. Seule s’appliquera alors la législation nationale qui, selon les pays, autorise ou interdit la vente de "Mein Kampf".
Pour les enseignants allemands, il est donc temps de lever l’interdiction d’aborder le contenu de cet ouvrage dans l’enseignement scolaire. Leur syndicat souhaite pouvoir inclure l’étude de ce pamphlet antisémite dans les cours prodigués aux élèves du secondaire. Des jeunes d’au moins 16 ans qui se verraient confier la version critique de "Mein Kampf" validée par l’institut d’histoire contemporaine de Munich.
Cette réédition, comprenant sur la page de droite le texte original rédigé au milieu des années 20 par Adolf Hitler, et les commentaires sur la page de gauche, doit sortir dans les librairies allemandes en janvier 2016. Aucune autre version ne sera autorisée sur le territoire allemand.
Mieux lutter contre toutes les tentations totalitaires
Pour les enseignants allemands, donner à lire et à étudier un texte qui a fondé l'idéologie nazie et théorisé l’élimination des Juifs doit permettre de mieux lutter contre toutes les tentations totalitaires. Dans un entretien au quotidien économique Handelsblatt, le président du syndicat Josef Kraus considère que son traitement en classe par des professionnels "constituerait une contribution importante à l'immunisation des adolescents contre l'extrémisme politique". Un point de vue également défendu par le parti social-démocrate dont le président, Sigmar Gabriel, est également ministre de l'Économie et vice-chancelier d'Allemagne.
En France, les éditions Fayard ont prévu de sortir en janvier une nouvelle version de "Mon Combat" (Mein Kampf, en français). La dernière datait de 1934. Dans cette nouvelle version seront ajoutés des commentaires de chercheurs et historiens spécialistes de cette période. La traduction a été assurée par Olivier Mannoni à qui l'on doit des traductions très appréciées d’oeuvres de Stefan Zweig ou Franz Kafka, deux auteurs interdits dans les librairies et les bibliothèques durant le IIIème Reich.