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Uber plus efficace que Hollande pour réduire le chômage ?

KENZO TRIBOUILLARD/AFP

LE SCAN ÉCO - Un quart des chauffeurs travaillant pour la start-up américaine étaient au chômage avant d'être embauchés par Uber, selon un sondage de l'Ifop, révélé par l'Opinion.

Et si Uber donnait des conseils au gouvernement pour réduire le chômage en France? La question est volontairement provocatrice mais les faits sont là: un quart des chauffeurs travaillant pour Uber pointaient au chômage avant de débuter leur activité, selon un sondage réalisé par l'Ifop et dévoilé ce lundi par l'Opinion. Ce n'est pas la majorité mais le chiffre est suffisamment élevé, surtout dans le contexte économique difficile que l'on connaît, pour être signalé. Voilà qui ne devrait pas améliorer la crédibilité du gouvernement auprès de Français qui sont près de 50% à penser que le chômage va augmenter en 2016 (contre 15% qui pensent qu'il va baisser), comme l'a révélé Le Figaro .

Parmi ces 25% de chauffeurs Uber interrogés, 43% étaient sans emploi depuis plus d'un an et appartenaient donc à cette fameuse catégorie des chômeurs de longue durée que le gouvernement tente par tous les moyens de les ramener vers le marché du travail. A tel point que de nouvelles expérimentations voient le jour. La dernière, votée à l'Assemblée nationale, au début du mois de décembre: l'idée est de donner la possibilité à des personnes en déficit d'employabilité d'accéder à des CDI rémunérés au smic dans des entreprises du secteur de l'économie sociale et solidaire (coopératives, associations, fondations, mutuelles, etc.). Le député à l'origine de cette proposition, Laurent Grandguillaume (PS), a également évoqué le déneigement des routes, la livraison de pain dans les territoires ruraux ou encore des travaux de bricolage pour le compte des mairies ou des particuliers. Autant de «petits boulots» dont pourraient être friands certaines catégories de population particulièrement touchées par le chômage.

Le message sous-jacent est on ne peut plus clair: le gouvernement va devoir prendre en considération cette nouvelle économie certes destructrice d'emplois, peu protectrice des salariés, mais capable d'offrir à certains exclus du marché du travail d'obtenir un emploi indépendant. Car comme aime à le souligner Pierre Gattaz, président du Medef, «mieux vaut un petit boulot que pas de boulot du tout». Près de neuf chauffeurs d'Uber sur dix interrogés par l'Ifop affirment d'ailleurs avoir été séduits par le fait de «pourvoir travailler comme ils le souhaitent de jour comme de nuit», même si en contrepartie de le mettre en relation avec des clients, Uber leur prélève 20% du prix de leur course. «L'ubérisation de l'économie sonne le glas du salariat qui a forgé notre modèle social, affirmait le mois dernier au Figaro Bruno Teboul, auteur de l'ouvrage «Ubérisation = économie déchirée?». L'ubérisation est un mal nécessaire qui résulte de notre demande à tout moment, en tout lieu, au meilleur prix».

« Les sociétés traditionnelles doivent se demander quels sont les services innovants que réclament leurs clients et proposer pour cela des tarifs agressifs »

Bruno Teboul

Autrement dit, Uber et d'autres plateformes numériques ne font que profiter de la nouvelle manière de consommer des Français: la consommation de masse de produits standardisés confectionnés par des salariés dans des entreprises a cédé progressivement le pas à une consommation à la demande de services innovants fournis par des employés indépendants via des plateformes numériques. «Les sociétés traditionnelles doivent se demander, à l'heure du «tout numérique», quels sont les services innovants que réclament leurs clients et proposer pour cela des tarifs agressifs, ajoute Bruno Teboul. Aujourd'hui, la force d'une entreprise n'est plus simplement l'accumulation de richesses mais son capital immatériel (capital humain, social, innovation, recherche scientifique, etc.)».

Partisan de «libéraliser l'économie française», le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, tente de faire accepter au sein-même de son propre parti l'idée que l'ubérisation puisse être une alternative à notre modèle social. «Tous les secteurs sont touchés ou vont être touchés et sans doute ne mesure-t-on pas bien la rapidité avec laquelle certains le seront, a-t-il déclaré lors de la présentation de cette future loi. Lutter contre ces changements serait une erreur profonde». Sa deuxième loi, baptisée «Nouvelles opportunités économiques», dont il prépare les contours doit permettre à l'économie française de s'adapter à la révolution numérique. A condition que l'activité soit suffisamment bien régulée pour empêcher le lancement d'applications ou de services numériques telles qu'UberPop, jugé par la justice française comme une «pratique commerciale trompeuse» et mieux encadrer le statut de ces chauffeurs dont certains n'ont pas hésité à manifester la semaine dernière contre Uber ou à lancer leur propre application pour concurrencer la start-up.

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52 commentaires
  • Michel HERNOUX

    le

    la seule solution qu'a le gouvernement pour endiguer le chômage est de créer des postes de fonctionnaires qui coûtent très cher aux français, alors que la société Uber qui crée des emplois réalise, par son activité une certaine rentabilité. Est pour autant une fatalité, mais nos entreprises françaises sont passablement taxées et le renforcement de la TVA n'aide pas à acheter un produit qui à la base est plus cher que les produits importés.