Burundi: Amnesty accuse les forces de sécurité d'avoir procédé à des exécutions sommaires

"La plupart des morts avaient été tués d'une balle dans la tête et au moins une personne tuée a été découverte ligotée", a indiqué l'organisation de défense des Droits de l'Homme.

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Burundi: Amnesty accuse les forces de sécurité d'avoir procédé à des exécutions sommaires
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Les forces de sécurité burundaises ont procédé à des exécutions sommaires lors des violences du 11 décembre à Bujumbura, qui avaient causé la mort de 87 personnes selon un bilan officiel, a affirmé Amnesty International dans un rapport publié mardi.

"La plupart des morts avaient été tués d'une balle dans la tête et au moins une personne tuée a été découverte ligotée", a indiqué l'organisation de défense des Droits de l'Homme, qui dit avoir avoir enquêté pendant deux semaines à Bujumbura pour produire ce rapport. "Des voisins et d'autres témoins ont décrit comment de nombreuses victimes avaient été délogées de leur maison par la police, qui leur avait tiré dessus à bout portant", ajoute-t-elle.

Au moins 87 personnes, 79 "ennemis" et 8 soldats et policiers, étaient mortes ce jour-là dans les attaques coordonnées de trois camps militaires - deux à Bujumbura et un en province, selon l'armée. Mais l'ONU avait évoqué un possible bilan de 200 civils tués, les habitants de Bujumbura décrivant des exécutions sommaires par la police et des éléments de l'armée en représailles.

"La police burundaise semble avoir recouru à la force sans aucune retenue pour répondre à ces menaces", a estimé Amnesty. "En tuant délibérément des personnes sous leur garde, dont des civils qui ne représentaient aucune menace, les forces de sécurité ont violé l'interdiction sans équivoque imposée par la loi internationale sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires", a accusé l'organisation.

Ces violences sont les pires enregistrées au Burundi depuis un coup d'Etat manqué en mai, déclenché par la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. L'opposition, la société civile et une partie de son camp estiment ce 3e mandat contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006).

La mise en échec de ce coup d'Etat, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de M. Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.

L'Union africaine (UA) a annoncé en fin de semaine passée le déploiement d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5.000 hommes et pour une durée de six mois renouvelables.

Mais le gouvernement burundais en a rejeté le principe et prévenu que si l'UA devait mener à bien ce déploiement sans son aval, cette mission serait alors considérée comme une "force d'invasion et d'occupation".

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