2015, bonne année pour le sexisme

Les moments sexistes n'ont pas manqué en 2015. En témoigne la dernière polémique avec des liquides vaisselle vendus au BHV , à Paris. Pour Jeanine Massuz-Lavau, directrice de recherches émérite au Cévipof (CNRS, Sciences-Po), ces représentations sexistes surgissent dans certains domaines : le travail des femmes "avec la vieille rengaine 'Ça serait bien que les femmes rentrent à la maison, ça résoudrait le chômage'", la sexualité et le travail domestique, "toujours considéré comme étant du ressort des femmes".

"Dans l’ensemble, il y a eu des progrès cette année", relativise Janine Mossuz-Lavau. La chercheure ajoute toutefois qu’un "travail de fond et sur la durée, est nécessaire notamment dans le domaine scolaire". Retour sur les dix moments sexistes les plus marquants de 2015.

Janvier : "Respecte tes vêtements"

Horrible pub Tefal qui rappelle la violence sexiste #minable pic.twitter.com/btJWmSWzeQ

— Chiennes de Garde (@ChiennesdeGarde) 6 Janvier 2015

Une femme, allongée par terre, attaquée par une chemise d’homme brandissant un fer à repasser : l’année commence fort avec cette publicité pour la marque Tefal, qui n’aurait selon l’agence de communication Publicis Conseil jamais dû être publiée. Un humour qui est loin de faire l’unanimité quand, en France, en 2014, 118 femmes sont mortes sous les coups de leur (ex)-compagnon.

Mars : Lutter contre le chômage grâce à "la liberté des femmes à ne pas travailler"

Dominique Martin, eurodéputé FN, s’est fait remarquer en commission de l’Emploi et des Affaires sociales du Parlement européen le 24 mars. Tandis que les eurodéputés s’interrogeaient sur l’égalité salariale et la représentation des femmes aux postes de cadres, le député frontiste plaidait le retour des femmes au foyer : "Ça aurait l’avantage de libérer des emplois, ça aurait l’avantage de donner une meilleure éducations à nos enfants, ça aurait l’avantage de sécuriser nos rues parce que les enfants ne traîneraient pas et ne seraient pas soumis à la drogue".

Avril : "Etre sifflée dans la rue est plutôt sympa!"

En pleine semaine internationale contre le harcèlement, la cheffe d’entreprise Sophie de Menthon a fait parler d’elle en qualifiant le harcèlement de rue de "sympa". Selon l’étude remise par le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE) le 16 avril, 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions sexuelles. Les propos tenus par la cheffe d’entreprise ont été largement moqués sur les réseaux sociaux.

100% des femmes seraient "harcelées" quotidiennement . Ne pas tout confondre: être sifflée dans la rue est plutôt sympa !

— Sophie de Menthon (@SdeMenthon) 16 Avril 2015

Mai : "Rien de telle qu’une femme pour faire le ménage"

Le 11 mai dernier, Valérie Pécresse est venue à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour nettoyer un ancien camp de Roms près de l’autoroute A3. La candidate aux régionales pour Les Républicains s’est félicitée de son opération "coup de balai". "Rien de telle qu’une femme pour faire le ménage", a-t-elle lancé devant la caméra du Petit Journal .

Juin : "Adopte un chien et ferme-la"

Dans cette vidéo du 12 juin, l’humoriste Rémi Gaillard, déguisé en chien, mime une agression sexuelle. L’humoriste montpelliérain s’est expliqué face aux nombreuses critiques, assurant avoir voulu dénoncer la maltraitance des animaux tout en attaquant les mécontents : "Adopte un chien et ferme-la" .

Juillet : La femme, objet de séduction aux Galeries Lafayette

"L’été vit plus fort", c’était le slogan de la campagne publicitaire estivale des Galeries Lafayette. Sur cette photo, on voit une femme nue, le corps huilé, bikini à la main. Placardées dans les métros parisiens, les affiches ont consterné les réseaux sociaux, mais aussiPascale Boistard, Secrétaire d’Etat chargée des Droits des Femmes. "Ce n’est pas une question de morale, c’est une question de respect" a-t-elle affirmé au micro de Jean-Jacques Bourdin .

Débat GG – La pub des Galeries Lafayette est-elle sexiste?>https://t.co/lLdYJURGeq #GGRMC pic.twitter.com/JpHR9SU0fi

— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 10 Juillet 2015

Septembre : "Elle est cloche, mais au moins elle est belle"

Quand Ikea fait une campagne de publicité pour son catalogue et sa cloche à gâteau, le slogan choisi est "Elle est cloche, mais au moins elle est belle". Une tournure de phrase qui a déplu à un grand nombre d’internautes.

«Elle est cloche mais au moins elle est belle»: la pub sexiste d’Ikea https://t.co/HV1tn6CObY pic.twitter.com/t7IYPd2N9k

— L'important (@Limportant_fr) 14 Septembre 2015

Octobre : "Plus différente, plus moderne, plus féminine"

Le 2 octobre dernier, France 3 décide de lancer un spot publicitaire pour se féliciter de la présence de nombreuses femmes parmi les présentateurs de la chaîne. Dans la vidéo promotionnelle, un four et un fer à repasser abandonnés et ayant pris feu et des chambres d’enfants désertes et en pagaille sont montrées avant ce slogan : "La majorité de nos présentateurs sont des présentatrices". Le soir-même, la vidéo était retirée à la demande de la présidente de France Télévision, Delphine Ernotte.

La majorité de nos présentateurs sont des présentatrices ! https://t.co/iXTEwFNWlh

— France 3 (@France3tv) 2 Octobre 2015

Octobre : "Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds"

Sur des affiches publicitaires, la salle de concert AccorHotels Arena a choisi de miser sur l’humour sexiste en montrant une joueuse de tennis, à genoux, avec un slogan particulier : "Le seul lieu où les femmes sont à vos pieds". La mairie de Paris a décidé de retirer cette publicité des stations de métro le 23 octobre.

Apparemment @Accorhotels trouve ça chouette de mettre les femmes à nos pieds. Le marketing classe. pic.twitter.com/Mmvdm2Crtz

— Geoffrey Dorne (@GeoffreyDorne) 21 Octobre 2015

Novembre : "Les dessous chics de la réforme du collège"

Dans une tribune datant du 6 novembre , Jean-Paul Brighelli s’est offusqué de la tenue et du comportement de la Ministre de l’Education nationale : "C’est dans Annie Hall que Woody Allen développe le concept californien de LVS – la ligne visible du slip. Mercredi, Najat Vallaud-Belkacem l’a réactualisé en LVS 2 – ligne visible du soutif". Le soutien-gorge apparent de la Ministre : "un écran de fumée" pour faire oublier les faiblesses de la réforme du collège, selon le délégué national à l'instruction publique de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan.

Source: leJDD.fr