Ex-Fortis: de belles étrennes pour BNP Paribas!
L’AG de BNP Paribas Fortis a voté la remontée de 2 milliards vers Paris. Les syndicats grognent.
- Publié le 23-12-2015 à 22h07
- Mis à jour le 24-12-2015 à 07h36
L’assemblée générale (AG) de BNP Paribas Fortis, réunie mercredi à Bruxelles, a voté le versement d’un dividende exceptionnel de 2 milliards d’euros (soit 4,50 euros par action) à sa maison mère française, BNP Paribas. Avec ce versement exceptionnel, la filiale belge aura versé à la société française, en 2015, 3,250 milliards d’euros (dont, il est vrai, 1,250 milliard correspondant au bénéfice de l’exercice 2014).
L’annonce de ce versement avait déjà suscité un certain émoi auprès des syndicats alors que la filiale belge du groupe venait de voter un plan stratégique impliquant la suppression de 1 050 postes en trois ans.
Protestation en janvier
Au moment où se tenait cette assemblée, hier, les syndicats ont tenu à rappeler leur fort mécontentement face à ce paiement d’un dividende exceptionnel.
La CGSLB (syndicat libéral) a ainsi annoncé qu’elle entamerait des actions de protestation en janvier. "Nous craignons un début de démantèlement financier de la banque belge. Nous constatons un affaiblissement de ses ratios financiers. Nous tenons également à rappeler que l’Etat belge reste le principal actionnaire de BNP Paribas avec 11 %. Nous estimons que ce n’est pas à la Belgique de faire les frais des amendes américaines imposées à BNP pour non-respect des régulations imposées par les Etats-Unis. De tels dividendes extraordinaires nous paraissent indécents par rapport au plan ‘Vision 2020’ promulgué récemment par BNP Paribas Fortis."
Pas choquant
La banque BNP Paribas Fortis parle, de son côté, d’une opération purement comptable qui n’affecterait pas le bénéfice. La filiale belge insiste en déclarant que "la distribution de ce dividende, qui est autorisée par l’autorité de contrôle, s’explique par une gestion saine des actifs et n’influencera pas la capacité de BNP Paribas Fortis d’investir dans la croissance de ses activités et de continuer à jouer un rôle majeur dans le financement de l’économie belge".
Comment peut-on analyser cette opération d’un point de vue purement financier et objectif ? "Il faut d’abord relever l’environnement peu réjouissant dans lequel évolue le secteur bancaire aujourd’hui", répond Frédéric Liefferinckx, membre du comité de direction de Leleux Associated Brokers. "Les banques font face à des défis importants : réglementation accrue, croissance économique atone, concurrence forte venant du secteur, mais aussi des nouveaux acteurs comme les Fintechs, digitalisation, guerre des prix… Dans ce contexte, il est normal de réduire les coûts à différents niveaux. En ce qui concerne le paiement de ces dividendes, cette politique ne me paraît pas inhabituelle."
Cet observateur du secteur bancaire remarque que les fonds propres de la filiale belge du groupe BNP Paribas sont encore largement suffisants et que ce versement est en ligne avec les bénéfices réalisés et avec une politique de distribution qu i dure depuis longtemps. "D’un point de vue purement économique et comptable, cette opération ne me paraît ni inhabituelle, ni surprenante, ni choquante, par son ampleur, même si l’on constate une accélération de cette politique de dividendes", reconnaît Frédéric Liefferinckx. Et de rappeler que le groupe BNP Paribas est composé de 23 banques dans le monde et que c’est le secteur tout entier qui est soumis à des pressions.
L’analyste concède, malgré tout, qu’il est regrettable que cette rétribution de l’actionnaire survienne concomitamment à la publication d’un plan qui annonce des réductions de personnel et donc des sacrifices.