Pourquoi la nourriture trop grasse a tendance à nous déprimer

 

Pourquoi la nourriture trop grasse a tendance à nous déprimer

    Cette nouvelle étude américaine réalisée par Sophie Dutheil, et publiée dans la revue « Neuropharmacology », identifie pour la première fois un lien biologique entre alimentation trop grasse et dépression. Elle apporte également une solution prometteuse pour de nouveaux traitements.

    Pour aller plus loin, Sophie Dutheil et Ronald Duman, professeur de psychiatrie et de neurobiologie à l'université de Yale ( USA) et chef de laboratoire, ont cherché à comprendre les mécanismes sous-jacents qui peuvent expliquer la corrélation entre nourriture grasse et dépression comportements.

    Les scientifiques ont découvert que le métabolisme des graisses partageait le même chemin biologique que les connexions neuronales dans le cerveau, qui sont endommagées en cas de stress et de dépression. Par exemple, les patients atteints de troubles métaboliques comme le diabète de type 2 sont plus à risque de dépression. Autrement dit, les effets d'une alimentation trop riche en graisses chevauchent les effets du stress chronique.

    L'équipe de chercheurs a montré qu'une alimentation riche en graisses influençait le comportement de rats. Au bout des 4 mois de ce régime, ce fameux chemin biologique, impliqué à la fois dans le métabolisme des graisses et la plasticité du cerveau, est perturbé et les rongeurs présentent des signes de dépression et d'anxiété.

    «Le fait est que les rats du groupe « high fat diet (HFD) » ont consommé le même nombre de calories journalières que les rats du groupe contrôle. La seule différence est que leurs calories provenaient d'une alimentation 6 fois plus riches en graisses (60% de graisses contre 10% dans le groupe contrôle).» nous explique Sophie Dutheil, auteur de l'article par mail. «C'est donc de là que part l'étude, et c'est la nourriture grasse qui a induit les symptômes dépressifs et l'anxiété (et aussi l'inflammation dans le cerveau et autres conséquences mentionnées dans l'article). » analyse l'auteur.

    Un progrès pour les diabétiques

    Dans le but de traiter ces symptômes, les scientifiques ont pu tester sur ces rats un anesthésique aux fortes vertus stupéfiantes, la kétamine. De la même manière que ce produit peut réduire la dépression et les dommages du stress chronique chez les humains, l'expérience a montré qu'il inversait les symptômes de dépression chez les rats nourris avec ce régime riche en gras.

    D'après ces travaux, les chercheurs ont conclu qu'il serait envisageable, grâce à la kétamine, de réduire rapidement et considérablement les symptômes de la dépression chronique qui peut se développer chez les patients atteints de diabète de type 2

    Reste que les effets de la kétamine sur le métabolisme doivent encore faire l'objet d'autres recherches; son usage et son dosage pour traiter la dépression font d'ailleurs l'objet d'essais cliniques. Des recherches sont actuellement menées sur son utilité pour traiter la douleur, la dépression, l'alcoolisme, et la dépendance à l'héroïne et aux autres opiacés.