M. Le Président de la République, M. Le Premier ministre, camarades,

Nous, socialistes, avions découvert lors de l'annonce au Congrès le 16 novembre, votre intention d'inscrire dans la constitution la déchéance de la nationalité pour les Français binationaux nés Français. Le besoin d'unité de notre pays ébranlé dans ses fondements nous avait alors obligé à la réserve. Cette mesure, en plus d'être reconnue inefficace, est pourtant fondamentalement contraire à nos valeurs de gauche. 

Nous, socialistes, refusons de créer deux catégories de Français. Militants, élus, nous combattons tous au quotidien les fractures au sein de la population française : entre classes aisées et classes populaires, entre femmes et hommes, entre chômeurs et travailleurs, entre couples homosexuels et couples hétérosexuels, entre catholiques, juifs, musulmans, athées... L'égalité est au coeur de chacun de nos combats ; c'est la première de nos valeurs.

Nous, socialistes, n'accepterons jamais de la voir remise en cause. Aucune stratégie, aucune tactique politique ne l'emportera sur notre foi en l'égalité républicaine. L'extension de la déchéance de nationalité est qualifiée de "symbolique". Effectivement : il s'agirait d'un symbole de la chute des valeurs de gauche.

Nous, socialistes, espérions qu'une fois l'émotion liée aux tragiques événement de novembre retombée, vous reviendriez sur cette décision. Les informations de ces derniers jours allant dans ce sens avaient d'ailleurs été pour nous un véritable soulagement. Avant que nous n'apprenions aujourd'hui qu'il n'en était rien.

Nous, socialistes, vous demandons de renoncer à ce projet aberrant. M. Le Président de la République, M. Le Premier ministre, N'inscrivez pas cette entorse insupportable au pacte républicain dans notre Constitution.