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Politique

Les Républicains : Nicolas Sarkozy, le père Noël de la droite identitaire

Lors de ses vœux de Noël, l'ancien président de la République a de nouveau évoqué sa ligne politique aux accents identaro-chrétiens et "tenté" dans la foulée de réaffirmer son autorité désormais contestée, au sein de LR.
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Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy a participé à de plusieurs meetings pour soutenir les candidats LR/UDI avant le premier tour des régionales
GUILLAUME SOUVANT / AFP

En ce moment, Nicolas Sarkozy n'a guère la côte auprès des Français. Les sondages chaque jour l'attestent, quelle que soit la question posée: ils ne l'entendent pas, ils ne l'entendent plus. Il est pourtant dommageable que les vœux de Noël de l'ancien président de la République n'aient pas reçu davantage d'écho et suscité si peu de commentaires. Il y a peu encore, les thèses défendues et le ton utilisé auraient provoqué passions et émotions. Là, rien. Raison de plus pour y revenir. 

D'abord le calendrier qui démontre empressement et impatience. Il s'agissait de devancer François Hollande et l'intervention traditionnelle du 31 décembre, de rappeler qui c'est "le vrai chef" de l'opposition républicaine puisque la tendance serait à la remise en cause du primat sarkozyste. A contrario, l'absence de toute réaction des principaux prétendants à la primaire de la droite - Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire ou encore la "punie" Nathalie Kosciusko-Morizet - prouve une nouvelle fois que l'ascendant jadis exercé sur eux par Nicolas Sarkozy s'est défait. Il n'existe plus, cet ascendant ; il le sait et cet état de faiblesse lui est insupportable.

Ensuite, le décorum de cette brève vidéo, ce sapin de Noël lourdement chargé et décoré. Cette mise en scène, au moins outrée, ne doit rien au hasard. Elle se veut l'affirmation réitérée d'une ligne politique, idéologique, culturelle et crypto-religieuse. Rien que ça ! Une ligne identaro-chrétienne. Il suffit d'ailleurs d'écouter, puis de lire et relire Nicolas Sarkozy en cette veille de Noël pour le comprendre. 

A la poursuite des électeurs du FN...

- Il insiste une fois encore sur "les racines chrétiennes d'un pays comme le nôtre"... Et il articule une pensée et des propos qui devraient, sinon choquer, du moins troubler bien des républicains, de droite comme de gauche :" La foi, la transcendance, la pratique religieuse, c'est au delà même du culte, une tradition culturelle". L'affirmation est d'importance, passionnante aussi. Mais, dans une société qui se revendique de la laïcité, est-ce à un ex-chef de l'Etat, visant à retrouver le pouvoir, de raisonner en ces termes? Nicolas Sarkozy ne confond-il pas son rôle avec celui de l'archevêque de Paris. André Vingt-Trois ou avec celui du Primat des Gaules, Monseigneur Barbarin?

-Tout à sa passion néo-religieuse, il donne ensuite raison à la poignée d'édiles qui, contre l'avis de la puissante Association des Maires de France présidée par le ... sarkozyste François Baroin, persistent à installer des crèches de Noël dans leurs hôtels de ville. Et Sarkozy de reprendre, telle une litanie, l'argument précédent, l'explication bateau du "tout est culturel": "Ce n'est pas forcément un geste d'appartenance religieuse, c'est un geste de fidélité culturelle aussi". L'argument ne tient pas - la séparation de l'Église et de l'État, des églises et des lieux publics, etc. -, mais qu'importe, puisque Nicolas Sarkozy reste convaincu qu'il détruira le Front National en se faisant le champion incontesté d'une droite identaro-chrétienne. Cela peut sembler absurde, mais il s'y tient. Et il en rajoute dans la provocation identitaire, tenant des propos, durant ces vœux de Noël, que Marine Le Pen et ses affidés auraient désormais tendance à considérer comme trop ... caricaturaux ... La preuve ci-dessous.

C'est le président de LR  qui s'exprime... "Les Républicains", le grand parti de la droite moderne, démocratique et humaniste, l'organisation politique indispensable à l'équilibre de la société française... Et voilà que le chef de l'opposition s'exprime tel un idéologue identitaire quelconque laissant entendre redouté lui aussi qu'un jour, bientôt (?), la France ne soit plus la France... Certains, à l'extrême droite, parfois même à la droite du ... Front National, annonce cet apocalypse sous la forme du "Grand Remplacement"- en clair, l'invasion musulmane. Nicolas Sarkozy, dans le texte : "Je souhaite aux Français de rester français. Cela revient à transmettre à leurs enfants un mode de vie, une culture, une langue, un pays, une civilisation dont ils peuvent être fiers". Nicolas Sarkozy à la poursuite (désespérée?) des électeurs du Front National? Il veut y croire, mais il s'égare. 

Refus d'une autorité contestée

Ses propos identaro-chrétiens peuvent séduire les tenants, et ils sont nombreux, puissants, influents, de la "Manif pour tous" ou encore les groupies de Marion Maréchal Le Pen ; cette piqûre de rappel identitaire ne ramènera en aucun cas au bercail de LR les déclassés de la France urbaine et péri-urbaine qui répondent, eux, en masse au discours identitaire, mais aussi "social", "étatiste"  et "anti-européen" du tandem Le Pen-Philippot. Sarkozy s'escrime "à faire du Le Pen", mais sans utiliser la "palette Le Pen" dans sa plénitude. C'est sans doute la garantie d'un échec programmé. 

Enfin, Nicolas Sarkozy n'a pu s'empêcher de décocher un coup de patte à ses concurrents LR, en particulier l'impact du populaire Alain Juppé qui, jusque là, résiste aux provocations diverses et variées. D'où cette (petite) phrase que l'ex-président glisse dans un discours de vœux où le propos apparaît pour ce qu'il est, incongru... Il se souhaite en effet "beaucoup d'autorité pour essayer de mettre tout le monde [au sein de LR] dans la même direction". 

Deux mots à retenir.

1). AUTORITÉ: c'est la sienne que Nicolas Sarkozy évoque. Autorité contestée, battue en brèche, il le sait et cette situation le rend dingue. Du coup, il tape du pied et clame "autorité, autorité"! Ça ne sert à rien et il le sait. Prudent donc, il rajoute un verbe, le second mot.

2). ESSAYER: oui, essayer parce qu'il sait cette bataille perdue; il sait que ni Juppé, ni Fillon, ni Le Maire, ni NKM, n'accepteront de revêtir le corset idéologico-politique dans lequel il tente de les enserrer ; il sait qu'aucun coup de force ne les fera désormais reculer. 

D'où ces vœux de Noël. Sans cohérence ni perspective. Si ce n'est de réaffirmer que lui, Nicolas Sarkozy, a raison et que l'autre droite, celle d'Alain Juppé, s'égare. À voir. À suivre.

 

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