Irak : violente bataille à Ramadi, les habitants utilisés comme boucliers humains

Irak : violente bataille à Ramadi, les habitants utilisés comme boucliers humains

    De violents affrontements ont opposé samedi les forces irakiennes à des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) autour de l'ancien siège du gouvernement provincial à Ramadi, chef-lieu de la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar. Après une offensive majeure qui avait permis aux militaires irakiens d'entrer dans la ville mardi, faisant espérer une reconquête rapide de cette place forte perdue en mai, leur avancée a été ralentie par les engins explosifs, les snipers et les attaques suicide jihadistes.

    Les militaires sont également ralentis par la présence de civils bloqués dans les zones de combats. Un de ceux qui a pu être secouru a raconté que lui et sa famille avaient été utilisés comme boucliers humains par des combattants de l'EI qui cherchaient à fuir la ville. Les troupes irakiennes butent à un carrefour stratégique, proche de l'ancien siège gouvernemental, dont le contrôle est capital pour la reprise totale de Ramadi, encore partiellement contrôlée par les jihadistes.

    Photo prise à Ramadi le 25 décembre/AFP

    Selon la cellule de guerre irakienne en charge des médias, qui s'exprime au nom des ministères de l'Intérieur et de la Défense ainsi que des groupes paramilitaires combattant l'EI, l'utilisation d'engins explosifs par les jihadistes a imposé un changement de stratégie. «Le plan consistait à entrer dans Hoz depuis Dhubbat mais en raison des mines, les CTS ont changé de tactique», a annoncé cette cellule.

    Deux membres des forces de sécurité irakiennes ont été tués et neuf blessés au cours des affrontements des dernières heures, a indiqué Ahmed al-Doulaimi, un capitaine de police. Au moins trois autres sont morts vendredi, selon un haut officier et des responsables locaux.

    Parmi les jihadistes, au moins 23 ont été tués pour la seule journée de vendredi, ont ajouté ces sources. Le nombre de combattants de l'EI restant à Ramadi est estimé à moins de 400 personnes.

    Raid des forces kurdes contre un repaire de l'EI

    Pendant que la bataille fait rage à Ramadi entre Daech et l'armée irakienne, les forces kurdes ont mené une opération commando près de Hawijah, dans le nord de l'Irak, qui a conduit à la capture et à la mort de plusieurs cadres de l'organisation jihadiste Ã?tat islamique (EI), ont annoncé samedi des sources locales. Le raid a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi dans la ville de Riyadh, au sud-est du fief de l'EI Hawijah, selon des sources de sécurité. Un leader local de l'EI appelé Hussein al-Assafi a été tué durant l'opération.

    Des sources ont affirmé que l'opération a été menée avec l'appui de commandos américains mais le porte-parole de la coalition anti-EI conduite par les Ã?tats-unis, le colonel Steve Warren, a démenti toute implication.

    Rokan Mekhlef Jassem, un capitaine de police de Hawijah, a fait état de la mort de 12 combattants de l'EI et de l'arrestation de neuf membres de l'organisation. Des chiffres encore non confirmés par le gouvernement de la région autonome du Kurdistan.

    VIDEO. Irak : frappes contre l'EI depuis le Charles-de-Gaulle

    «Environ 250 familles habitant Ramadi ont pu sortir de la ville depuis que les combats ont éclaté dans le centre-ville», a par ailleurs indiqué Ali Dawood, un responsable de quartier. Certaines ont rejoint des camps de déplacés dans la province tandis que d'autres ont préféré rejoindre Bagdad ou la région autonome du Kurdistan.

    D'après l'Organisation internationale des migrations, les habitants de la province d'Al-Anbar représentent un tiers des 3,2 millions d'Irakiens forcés de quitter leurs foyers en raison des combats depuis 2014. Après la conquête de l'EI de vastes régions d'Irak en 2014, les forces gouvernementales irakiennes avaient défendu Ramadi pendant des mois. Mais la ville est finalement tombée aux mains des jihadistes en mai 2015. Cette défaite avait été considérée comme la plus importante dans la guerre que mène Bagdad contre l'EI et la reconquête de Ramadi redorerait le blason des forces fédérales, très critiquées.