Comment bien dormir sans médicaments… ou presque

« Plus j'y pense, plus je crois que les spécialistes du sommeil sont les plus malheureux de tous les médecins », écrit le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences, dans son dernier livre*, justement consacré à ce thème. « Non seulement leur spécialité n'est pas officiellement reconnue mais en plus elle n'a pas de nom. » Le pire est, sans doute, que les universités françaises n'aient jamais réussi à caser le moindre heure d'enseignement sur le sommeil au cours des sept ou huit longues années nécessaires pour obtenir le diplôme de docteur en médecine. Une négligence d'autant plus étonnante que nous passons pratiquement un tiers de notre vie à dormir.

Docteur, je ne dors pas (bien)

« Comment s'étonner dès lors que la seule réponse de médecins à la plainte "Docteur, je ne dors pas (bien)" consiste dans la plupart des cas à prescrire un somnifère, puis à renouveler sans fin la sinistre ordonnance ? », s'interroge l'auteur d'un ouvrage destiné aux personnes désireuses de trouver (retrouver) le sommeil le plus simplement possible. Sans dénigrer systématiquement les « pilules qui font dormir », le Dr Lemoine montre qu'il existe d'autres solutions, allant du plus pur placebo – qui donne parfois des résultats étonnants – aux plantes, de la psychothérapie au thermalisme, de la bonne hygiène de vie à une alimentation suffisamment légère le soir.

Il fait également le tour des technologies et objets connectés censés avoir un effet positif sur le sommeil et le réveil. Le simulateur d'aube, pour commencer, est « très utile pour ceux qui ont tendance à se mettre en retard et à développer une insomnie d'endormissement à force de ne pas se lever le matin et de faire des grasses matinées. Il part de l'idée que notre cerveau n'a pas été conçu pour passer brutalement du noir à la lumière vive. Le simulateur d'aube le « prépare » donc doucement, de façon physiologique, pour qu'il se mette à sécréter les hormones et les neurotransmetteurs propices à l'activité diurne.

Mouvements oculaires rapides

En revanche, le spécialiste est plus circonspect concernant le masque NeuroOn, qui doit être posé sur les yeux. Il mesure les phases de sommeil et enclenche le réveil quand la personne est dans une phase de sommeil léger, en le couplant avec un simulateur d'aube. « Il repose pour l'essentiel sur les mouvements oculaires rapides, ce qui est en principe insuffisant pour avoir une idée précise des stades de sommeil », écrit Patrick Lemoine.

Le Sleeptracker, enfin, est une montre qui permet de ne pas « se lever du pied gauche », son principe étant de ne pas réveiller son propriétaire au milieu d'un stade de sommeil très profond. Le fait que nous ayons tous des micro-réveils spontanés en cours de nuit a donné à certains chercheurs l'idée de poser des détecteurs sur les bras pour identifier ces moments supposés favorables à la sortie des bras de Morphée.  Pour Patrick Lemoine, « si le système est fiable, il n'a d'intérêt que chez les sujets du soir car ceux du matin sont naturellement frais et disponibles quand ils ouvrent les yeux ».

* Dormir sans médicaments… ou presque, éditions Robert Laffont, 304 pages, 20 euros