Antoine, Auguste et Louis Lumière : la projection du monde

Auguste Lumière (1862-1954) et Louis Lumière (1864-1948)
Auguste Lumière (1862-1954) et Louis Lumière (1864-1948)
Auguste Lumière (1862-1954) et Louis Lumière (1864-1948)
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« Ce qui est important dans les prises de vues Lumière, c’est l’esprit de Monsieur Lumière. » a dit Jean Renoir. Et si l’invention la plus formidable des Lumière n’avait pas été le cinématographe, mais la mise en scène… ?

Par Mathilde Wagman. Réalisation : Gislaine David. Attachée de production : Claire Poinsignon. Avec la collaboration d'Annelise Signoret.

« Ils sont nombreux, dans l’histoire du cinéma, les exemples d’échappées où, tout d’un coup, on sent qu’on tient quelque chose d’extraordinaire… Le plus beau, c’est Lumière. C’est même plus important que le fait qu’il ait inventé la projection. ». Quelques mots de Maurice Pialat qui résument l’une des clés de l’œuvre des Lumière . Non content d’avoir inventé la machine à filmer le mouvement, Louis Lumière fut en effet le premier des cinéastes.

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Flash-back. Extérieur, jour. Mars 1895. Chemin Saint-Victor, à Lyon. Louis Lumière filme les ouvriers sortant de l’usine qu’il dirige avec son frère, la Société Anonyme des Plaques et Papiers Photographiques Antoine Lumière et ses fils. Tous sont en tenue du dimanche, les ouvrières ont troqué les pantalons qu’elles portent habituellement à l’usine pour robes et chapeaux. Dans la foule de ceux qui sortent, on cause, on se marre. Peut-être parce que c’est le patron qui demande, peut-être pas seulement. Louis vient de mettre la dernière touche à son invention. Caméra, tireuse et projecteur tout en un, la machine pèse moins de cinq kilos et est d’un usage prodigieusement facile. Le 22 mars, lors d’une présentation devant la Société d’encouragement pour l’industrie nationale à Paris, il montre son film. Neuf mois plus tard, le 28 décembre, dans une salle située au sous-sol du Grand Café, 14 boulevard des Capucines, la première projection publique et payante du cinématographe est organisée par Antoine, le père. Dix ans plus tard, en 1905, les Lumière cesseront de produire des films. Leur catalogue comportera en tout 1422 films, dont une vingtaine tournés par Louis lui-même.

Louis et ses opérateurs filmèrent le monde et inventèrent, d’emblée, les composantes du vocabulaire cinématographique. La contrainte, caméra fixée sur pied et durée de cinquante secondes, fut matériau de création. Qu’ont-ils filmé ? Quelques saynètes de fiction, mais surtout des prises de vues documentaires. Des enfants, des puissants, des ouvriers au travail, des scènes de rue, de vie quotidienne, aux quatre coins du monde. Louis demandait à ses opérateurs des sujets étonnants, de la surprise : il fallait épater. C’est Jean Renoir, encore, qui le dira le mieux : « La tendance Lumière, toute motivée qu’elle est par le désir de reproduire la réalité, n’en est pas moins la porte ouverte à l’imagination la plus débridée. ». Et si en effet l’invention la plus formidable de Louis Lumière n’avait pas été le cinématographe, mais la mise en scène ?

Avec :

  • Claire Simon , cinéaste.
  • Thierry Frémaux , directeur de l'Institut Lumière.
  • Bernard Chardère , spécialiste des frères Lumière, ancien directeur de l'Institut Lumière.
  • Jean-Marc Lamotte , responsable du patrimoine à l'Institut Lumière.
  • Max Lefrancq-Lumière , petit-fils de Louis Lumière.
  • Laurent Mannoni , historien du cinéma, directeur du Parimoine et du Conservatoire des techniques à la Cinémathèque française.

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