Holot, le symbole de la politique migratoire israélienne

Publicité

Nous ne sommes pas des criminels, ni des voleurs. On vient d'une dictacture en Erythrée, on vient du bruit des armes, juste pour sauver nos vies et ici nous sommes en prison. J'ai peur, parce que qui peut m'aider? Qui peut me sauver ?

Nous sommes en Israël et vous venez d’entendre Shimon. La prison dont il parle c’est Holot : un centre de rétention qui existe depuis 2 ans dans le désert du Néguev, au sud d'Israël. Shimon faisait des ménages à Tel Aviv avant de recevoir l'obligation de se rendre à Holot, officiellement un centre de rétention "ouvert", pour des réfugiés venus en grande partie du Soudan et d'Érythrée. Ils doivent y passer un an minimum, et ils y sont aujourd'hui presque 3000 ... Le gouvernement israélien ne sait pas quoi faire de ces gens entrés illégalement via l'Egypte avant que la frontière ne soit murée en 2012. La Knesset souhaite désormais agrandir ce centre, où la capacité maximum va être atteinte pour la 1ère fois... Marie Semelin y est allé.

Publicité
Holot
Holot
© Radio France - Marie Sémelin

Devant les portiques du centre de rétention, les réfugiés ont aménagés une sorte de petit village où de grandes bâches abritent la musique, les joueurs de carte et les restaurant de fortune. Ici il n'y a rien à faire et si entre 6h du matin et 10h du soir ils sont libres d'aller et venir, la ville la plus proche, Beer Sheva, est à 2 heures de bus. Quasiment impossible donc de travailler. Alors pour tuer le temps, Adam, qui a fuit le Darfour, s'est reconverti en prof d'anglais :

Tous les jours, 6 fois par semaine. J'ai deux classes, une vingtaine en niveau 1, une vingtaine en niveau 2. On est là à Holot, on a rien à faire. Quand on est là à Holot notre liberté est verrouillée et notre futur est verrouillé.

Israël compte plus de 40.000 mille réfugiés, mais n'accorde pas ce statut : depuis 2010 seul 45 personnes l'ont obtenu, un taux bien inférieur à 1%. Sigal est israélienne, et par solidarité avec d'autres elle vient à Holot une fois par mois pour leur montrer qu'ils ne sont pas oubliés.

C'est une honte que nous les traitions comme ça. La plupart des israéliens ne savent même pas que cet endroit existe, et ceux qu'ils le savent pensent que c'est normal d'enfermer des gens qui sont entrés illégalement. La meilleure solution c'est probablement de leurs donner des permis de travail et de les répartir en Israël.

Une solution que le gouvernement israélien ne souhaite pas. C'est le départ volontaire pour des pays comme le Rwanda et l'Ouganda qui est privilégié. Mais les accords entre Israël et ces pays tiers restent opaques, et les ONG qui défendent les demandeurs d'asile dénoncent les pressions qu'ils subissent pour quitter le pays. Sans statut, et donc sans garantie pour leur sécurité.

pixel