Ca s'est passé en 2015 : la valse des patrons de l'audiovisuel

« Je ne ferai pas tout avec moins ». Elle s’exprime comme une femme politique récemment élue. Ses phrases sont ponctuées par sa main droite... Delphine Ernotte-Cuncis’exprime pour l’une de ses première fois en tant que nouvelle patronne du groupe France Télévisions : « Le monde a changé, les téléspectateurs ne regardent plus la télévision comme avant ». Elle dit vouloir parler aux nouveaux téléspectateurs. La griffe Ernotte sera d’abord une chaîne d’information en continu en septembre 2016. « Une vraie chaîne d’information sur les smartphones pour aider à décrypter le monde ».

En avril 2015, Delphine Ernotte, quarante-neuf ans, centralienne, est nommée présidente de France Télévisions en remplacement de Remy Pfimlin. Elle nomme Caroline Got comme numéro deux à la place de Bruno Patino. Eric Monier jusqu’alors directeur de la rédaction de France 2 est écarté de ses fonctions en novembre. Vincent Meslet devient nouveau directeur exécutif de la chaîne.

Plus tard encore, en décembre, les manoeuvres se poursuivent : Michel Field qui dirigeait France 5 devient le nouveau patron de l’information au sein du groupe.

Ménage d’été chez Canal Plus

Vincent Bolloré est arrivé - ou revenu - dans la maison Canal en faisant fi de la porcelaine. Rodolphe Belmer, numéro deux de Canal + est débarqué, il rebondit alors au sein de l’opérateur de satellites Eutelsat. Il est remplacé par le numéro trois, Maxime Saada. Thierry Thuillier directeur des sports de la chaîne est remplacé par Thierry Cheleman, jusque-là, directeur des sports de D8. L’homme est à l’origine de l’arrivée du football féminin en clair sur la TNT.

Le cinéma, moteur de la chaîne, subit également un bouleversement : Didier Lupfer, célèbre producteur de télévision prend la place de Nathalie Coste-Cerdan.

Vincent Bolloré veut du contenu exclusif. Il investit dans Dailymotion, Ubisoft et Gameloft. Il débourse également 250 millions d’euros pour retenir pendant 5 ans l’animateur Cyril Hanouna, vedette de D8.

Un « Bouygues boy » à TF1

Tout le monde pensait que la place reviendrait à Rodolphe Belmer tout juste remercié de la chaîne Canal +. Mais en octobre, c’est Gilles Pélisson qui succède à Nonce Paolini à la tête de TF1. L’homme n’était pas favori mais peut se targuer d’un CV impressionnant : Essec, Harvard, Eurodisney, Noos, Bouygues Telecom, Accor et administrateur indépendant de la première chaîne depuis 2009.

Pélisson va devoir relancer le grand bâtiment de Boulogne dans un marché publicitaire français ultra-concurrentiel. Pour Pélisson, ce sera d’abord la diversification : TF1 veut racheter Newen, 3e producteur français pour créer un champion européen des contenus.

Drahi partout

Reste un nouveau venu : Patrick Drahi, qui en 2015 a semblé être sur tous les fronts.Déjà propriétaire du groupe Hot (télévision et téléphonie) ainsi que des chaînes i24news et News12, Drahi veut créer un groupe médias international de plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires.

En juillet, il annonce une alliance avec Alain Weill, PDG de NextRadioTv. A partir de mars 2019, il sera en mesure de racheter la totalité du groupe BFM TV, BFM Business, RMC, RMC Découverte et potentiellement Numéro 23. Drahi rafle aussi à Canal + les droits TV du championnat d’Angleterre pour 2016-2019 pour ses abonnées SFR. Encore de grands bouleversements à prévoir donc avec l’arrivée de ses médiavores, avec à la clé, son lot de départs et d’arrivées.