Contesté dans son camp, le Premier ministre a choisi de s’exprimer sur Facebook pour défendre le projet de réforme constitutionnelle qui inscrirait dans la Constitution la possibilité de déchoir de sa nationalité un Français qui dispose d’une autre nationalité.

Il avait choisi le Journal du Dimanche pour s’exprimer pendant le week-end, employant le procédé bien connu de l’inversion accusatoire pour affirmer qu’une « partie de la gauche s’égare au nom de grandes valeurs ». Lundi, c’est sur Facebook que le Premier ministre Manuel Valls a choisi de défendre la déchéance de nationalité qui sera inscrite dans la Constitution.

« Je ne peux laisser tout dire sur la déchéance de nationalité : revenons aux faits ! », écrit le Premier ministre, qui tente de démonter certains arguments des opposants à la réforme qu’il avait lui-même critiquée lorsque Nicolas Sarkozy avait fait une proposition approchante en 2010. Toute opposition de principe au nom des valeurs devrait être oubliée au regard du contexte de guerre contre le terrorisme. « Face à la lâcheté terroriste, nos réponses doivent être sereines et fortes », demande aujourd’hui Manuel Valls.

 

« Priver de la nationalité française ceux qui tuent aveuglément d’autres Français au nom d’une idéologie de terreur est un acte symbolique fort qui sanctionne ceux qui se sont eux-mêmes exclus de la communauté nationale. Rien de moins, rien de plus », écrit-il, sans expliquer en quoi un Franco-Belge serait plus Belge que Français le jour où il commet un attentat. « Même si elle ne concernera heureusement qu’un nombre limité de personnes, la déchéance symbolisera l’exclusion définitive du pacte national de ceux qui ont commis des crimes terroristes, dans le respect des principes du droit international auxquels nous sommes attachés, qui interdisent de créer des situations d’apatridie ».

Un débat dans les commentaires Facebook

Ce faisant, le chef du gouvernement cherche à convaincre mais cherche aussi à obtenir et démontrer ses soutiens populaires à travers les « j’aime » de Facebook, au moment où son camp politique se divise.

Dimanche, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé que la réforme proposée diviserait le pays, tandis que la maire de Lille Martine Aubry, qui représente « l’aile gauche » du Parti Socialiste, s’est dite fière de défendre les valeurs auxquelles Manuel Valls demande de ne plus s’accrocher.

[floating-quote float= »right »]Content que vous preniez nos idées du FN[/quote]

Au moment où nous écrivons ces lignes, une demi-heure après la publication de Manuel Valls, le message a reçu un peu plus de 300 « j’aime » et a été partagé par moins de 140 internautes. Les commentaires sont quant à eux très partagés, entre ceux qui soutiennent le Premier ministre, et ceux qui critiquent sa décision.

Certains pourraient faire tâche, à l’image de ce jeune internaute qui se dit « content d’avoir un premier ministre comme vous [pour] prendre nos idées du FN », ou de celle-ci qui rappelle dans une formule célèbre que « soit on aime le pays, soit on le quitte ». D’autres sympathisants ou militants socialistes expriment leur gratitude, à l’instar de cet internaute qui se dit fier de faire partie des 5 % d’électeurs à avoir voté Valls aux primaires socialistes. Débat oblige, des internautes (nombreux) continuent de contester la mesure, soit au nom des principes, soit au raison de son inefficacité qui la rendrait inutile.

« « Sans aucune distinction d’origine… », faut se pincer pour gober ça : l’implicite de cette mesure, c’est précisément l’origine. », s’étrangle par exemple l’un d’entre eux.

D’autres demandent déjà à Manuel Valls d’aller plus loin, en supprimant la double-nationalité.

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