édito

Quand Pékin bâillonne la presse, Paris s’écrase

par Alexandra Schwartzbrod, Directrice adjointe de la rédaction @ASchwartzbrod
publié le 28 décembre 2015 à 19h21

L'expulsion imminente de la correspondante de l'Obs en Chine, accusée par Pékin de «parti pris idéologique» après un article sur la politique de répression menée au Xinjiang - vaste région en majorité musulmane de l'ouest du pays -, rappelle les dérives des régimes les plus autoritaires. Injures, harcèlement, exigence d'«excuses publiques» voire d'autocritique… Ursula Gauthier subit depuis quelques semaines des attaques inacceptables de la part des médias locaux et, à travers eux, des autorités. Un éditorialiste présenté comme un «salarié du Conseil d'Etat chinois» n'a pas hésité à écrire : «La conduite honteuse de l'Obs est la personnification de l'attitude française du deux poids deux mesures dans la lutte contre le terrorisme : ceux qui attaquent les Français sont des terroristes, tandis que ceux qui attaquent les Chinois sont des héros.» Face à ces menaces, la moindre des choses serait que les autorités françaises haussent le ton, voire - soyons fous - prennent parti. Eh bien non ! Craignant des rétorsions économiques, la France s'aplatit, le Quai d'Orsay se contentant de «regretter» que le visa d'Ursula Gauthier ne soit pas renouvelé. Une attitude déplorable que l'intéressée a jugée lundi sur France Inter «pas du tout au niveau de ce qui est en train de se produire […]. Il ne s'agit pas de moi, il s'agit d'une tentative très violente de museler la presse internationale». Et la société des rédacteurs de l'Obs de renchérir : «La liberté d'expression et celle de la presse sont des principes non négociables, que la France doit défendre à tout prix.» Si le Quai d'Orsay n'est pas à la hauteur, les médias se doivent de l'être en dénonçant ces pratiques et en apportant tout leur soutien à Ursula Gauthier.

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