Climat : El Niño à l'origine des phénomènes météo exceptionnels

Ce phénomène survient tous les quatre à sept ans en moyenne, mais l'épisode de 2015 est "probablement le plus puissant depuis les 100 dernières années".

Source AFP

Des inondations ont frappé l'Angleterre.
Des inondations ont frappé l'Angleterre. © John Giles/AP/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Inondations, tornades, vagues de chaleur... : les épisodes météorologiques extrêmes et contrastés qui ont marqué la fin 2015 sont dus au phénomène El Niño particulièrement puissant cette année qui s'ajoute au réchauffement climatique, selon les scientifiques. "Il n'y a pas de réponse simple" pour expliquer les phénomènes exceptionnels, parfois meurtriers, observés aussi bien en Europe qu'aux États-Unis, en Australie et en Amérique latine, souligne Jérôme Lecou, ingénieur prévisionniste à Météo-France. "On a une conjonction" de facteurs, approuve le climatologue Hervé Le Treut.

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Le phénomène climatique El Niño joue un rôle "évident" dans une partie des phénomènes observés sur la planète, relève Hervé Le Treut. El Niño, qui survient tous les quatre à sept ans en moyenne, est provoqué par un changement de sens des alizés au-dessus du Pacifique équatorial. Les eaux chaudes de surface, qui s'accumulent normalement dans l'est du Pacifique, se déplacent vers l'ouest, entraînant des pluies plus abondantes sur la côte ouest de l'Amérique et davantage de sécheresse en Asie du Sud-est et en Australie.

Un épisode très puissant

Il "affecte fortement le climat des États-Unis actuellement", "il est la cause majeure" de ce qu'il s'y passe, souligne Hervé Le Treut. Les tornades meurtrières au Texas, inhabituelles en cette saison, comme la douceur observée dans le nord-est du pays sont partiellement dues à ce phénomène, ajoute-t-il. El Niño est un phénomène naturel mais l'épisode de 2015 est "probablement le plus puissant depuis les 100 dernières années", souligne Jérôme Lecou.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'ONU, avait averti en novembre qu'il gagnerait en intensité d'ici à la fin de l'année. Cet "événement El Niño extrêmement puissant" explique par exemple "les inondations particulièrement intenses du côté du Paraguay et du nord de l'Argentine", indique Jérôme Lecou.

Fin d'année hors norme

Les très fortes chaleurs en Australie correspondent aussi "assez logiquement à des périodes El Niño", ajoute-t-il. Par ailleurs, les effets du changement climatique "commencent à se mettre en place", relève le prévisionniste. Au niveau mondial, l'année 2015 "sera la plus chaude jamais enregistrée" et les cinq dernières années seront "le quinquennat le plus chaud jamais observé", rappelle-t-il. Selon l'OMM, "la température moyenne à la surface du globe franchira sans doute le seuil aussi symbolique que significatif que constitue un réchauffement d'un degré Celsius" par rapport à l'ère préindustrielle.

L'accord de Paris conclu le 12 décembre sur le climat prévoit de limiter "bien en deçà de 2 °C" le réchauffement par une limitation des gaz à effet de serre. "De façon plus ponctuelle, on va retrouver (ce réchauffement) au niveau régional, avec une fin d'année absolument hors norme sur l'hémisphère nord, avec un mois de décembre historique du côté de l'Europe", explique Jérôme Lecou. "Il y a un réchauffement de fond qui fait que, à application météorologique égale, on a tendance à battre des records un peu partout", explique Hervé Le Treut.

Des précipitations importantes

Cette douceur pourrait expliquer notamment les inondations en Angleterre. "Les hivers doux qu'on vit sont favorables à des précipitations importantes, comme c'est le cas en Angleterre", estime le climatologue Jean Jouzel. "Il y a un lien entre le fait d'avoir des inondations et des hivers très doux en Europe de l'Ouest, c'est très clair."

La puissance d'El Niño est-elle liée au réchauffement de la planète ? "Pas nécessairement", selon Hervé Le Treut, même si "on peut imaginer qu'elle soit modulée un peu par le réchauffement climatique". Selon le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud, "ce phénomène naturel qu'est El Niño et le changement climatique provoqué par l'homme peuvent interagir et influer l'un sur l'autre de manière totalement inédite", et "El Niño ne fait qu'accentuer (la) tendance au réchauffement".

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Commentaires (4)

  • justinien10

    La modification des courants du Pacifique intervient tous les sept à dix ans. Elle serait provoquée par un changement de direction des Alizees, ces vents du Pacifique, et affecterait... Le climat mondial !
    Mais quelle est son origine ?
    Des astronomes évoquent les cycles solaires, qui affectent la formation de nuages, et qui ont eux aussi un cycle décennal.
    Pour l'instant, on n'en sait strictement rien !
    Sauf que él Nino existait bien avant la Révolution Industrielle, la pollution humaine, et... Le GIEC !

  • brennec

    Enfin nos climato-integristes peuvent espérer une année qui marque un vrai réchauffement, quel soulagement après une diete qui a duré 17 ans ! Mr Le treut essaie de récupérer en partie les effets du phénomène pour les attribuer au réchauffement mais je note que personne ne fait le lien entre el nino et le réchauffement (et d'ailleurs pourquoi en 2015 alors que ça fait 17 ans que la température stagne). En ce qui concerne le quinquennat le plus chaud vu qu'après le sommet atteint en 1997 et la stagnation qui règne depuis ça n'a rien d'étonnant on peut même se demander pourquoi se limiter a un quinquennat on pourrait aussi bien dire les 17 années écoulées représentent l'épisode le plus long et le plus chaud jamais mesuré.

  • bonsens9

    Je pourrais vous prêter mon pseudo : -)) En tout cas : oui El Nino est responsable de nombreux "dérèglements" mais en effet cela n'arrange pas le GIEC et les écolos rouge vert... Pathétiques cette bêtise, cette mauvaise foi et cet aveuglement