Une personne qui dort plus de neuf heures par nuit, qui reste assise plus de sept heures par jour et fait moins de 2 h 30 d’exercice par semaine quadruple son risque de décès par rapport à quelqu’un qui n’aurait pas ces trois « défauts ». Une association de facteurs plus dangereuse que celle de l'alcool et du tabac !

au sommaire


    Les maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, cancers, diabète) représentent la principale cause de décès dans le monde. Or ces maladies peuvent être associées à des facteurs de risque comportementaux : tabagisme, consommation excessive d’alcool, sédentarité et mauvaise alimentation. Ces dernières années, de plus en plus de preuves ont montré que le fait de rester trop longtemps assis était mauvais pour la santé. De même, le sommeilsommeil a un impact sur la santé. C'est pourquoi des chercheurs de l'université de Sydney (Australie) ont voulu savoir quel serait l'effet obtenu si ces différents facteurs de risque étaient combinés chez les mêmes individus.

    Dans leur recherche parue dans Plos Medicine, ils ont analysé les comportements de 230.000 personnes qui faisaient partie de l'étude 45 and Up Study. Cette vaste cohortecohorte australienne a démarré en 2006 et étudie la santé de la population au cours du vieillissement. Le tabagisme, la consommation d'alcoolalcool, l'alimentation, l'activité physiquephysique, le sommeil ont été mesurés par des questionnaires. L'originalité de ce travail réside dans le fait que les auteurs ont inclus, dans les facteurs de risque, l'excès de temps passé assis (plus de 7 h par jour), le manque de sommeil (moins de 7 h par nuit), l'excès de sommeil (plus de 9 h par nuit) et qu'ils ont regardé l'effet des combinaisons de facteurs.

    Au cours de six années de suivi de ces 231.048 personnes, celles qui réunissaient zéro, un, deux et plus de trois facteurs de risque représentaient respectivement : 31,2 %, 36,9 %, 21,4 % et 10,6 % du groupe. Pour chaque facteur de risque et pour chaque association de facteurs, les scientifiques ont comparé le risque de décès à celui de personnes qui ne comptabilisaient aucun facteur de risque. Globalement, il y avait une forte corrélation entre le nombre de facteurs de risque et la mortalité.

    Melody Ding (de l'université de Sydney) est la principale auteure de cette recherche. © Sax Institute

    Melody Ding (de l'université de Sydney) est la principale auteure de cette recherche. © Sax Institute

    Excès de sommeil, inactivité et position assise : le cocktail mortel

    Tous les facteurs de risque ne contribuaient pas de la même manière à la mortalité ; ainsi, le tabagisme restait le facteur de risque de décès le plus important car il augmentait de 90 % le risque de mortalité. Mais ce qui était particulièrement intéressant, c'est que l'effet combiné des facteurs de risque n'était pas le résultat d'une simple addition mathématique. Ainsi, une forte consommation d’alcool seule n'est pas associée à une augmentation significative du risque de mortalité (+ 8 %), mais combinée avec le tabagisme, elle donne une augmentation du risque de mortalité de 180 % ! Si à ces deux facteurs de risque s'ajoute encore un sommeil insuffisant - lui seul augmente peu le risque de mortalité (+ 9 %) - la combinaison des trois facteurs (alcool, tabac, manque de sommeil) multiplie par 4,68 le risque de décès de l'individu !

    Le résultat majeur de cette étude a été trouvé avec une autre association de facteurs de risque. Le fait de rester assis trop longtemps dans la journée, lorsqu'il est le seul facteur de risque, a peu d'effet sur la mortalité : + 15 %. Mais l'association « trop longtemps assis » avec « inactivité physique » multiplie par deux le risque de décès : le fait de rester trop longtemps assis serait particulièrement dangereux pour les personnes qui font déjà peu d'activité physique. L'excès de sommeil seul, quant à lui, augmente le risque de mortalité de 44 % : il est donc plus dangereux de trop dormir que de ne pas assez dormir. Et l'association « trop de sommeil » + « trop longtemps assis » + « inactivité physique » multiplie par 4,23 le risque de décès, un cocktail plus dangereux que l'association « alcool + tabac » !

    L'excès de sommeil est associé à une fragmentation du sommeil, de la fatigue, de la dépression, ce qui pourrait expliquer son effet néfaste sur la santé. Pour Melody Ding, principale auteur de l'article, « notre étude montre que nous devrions vraiment prendre en compte ces associations de comportements aussi sérieusement que nous le faisons avec d'autres facteurs de risque tels que les niveaux de consommation d'alcool et les mauvaises habitudes alimentaires ».