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Un migrant afghan star du tournoi d'échecs du Mans

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Un joueur hors du commun participe à l'Open d'échecs, qui se déroule au Mans jusqu'à mercredi. C'est un migrant afghan, arrivé chez nous il y a deux mois.

Shahir Naseri participe à l'Open d'échecs du Mans.
Shahir Naseri participe à l'Open d'échecs du Mans. © Radio France - Noémie Bonnin

Shahir Naseri fait partie des réfugiés de Calais, accueillis depuis novembre au Mans, au centre d'accueil de la rue de la Mariette. Sa vie est remplie de multiples étapes chaotiques. Âgé de 33 ans, il a enfin trouvé un peu de sérénité ici, et trouve un peu de temps pour s'adonner à sa grande passion : les échecs. Un jeu qu'il a découvert quand il était enfant : "J_'ai découvert les échecs en Iran, quand j'étais adolescent. J'ai vu des gens jouer dans un parc. J'ai eu très envie d'essayer_" raconte Shahir. "J'ai d'abord acheté des livres. J'ai lu, j'ai lu, j'ai lu. Je n'ai jamais pris de cours, je n'ai jamais eu de professeur. Mais j'ai dû lire une trentaine de livres sur les échecs ! Aujourd'hui je sais jouer, et j'adore ça. Je pourrais jouer toute la journée !

Au tournoi, il gagne pas mal de parties, mais en perd, aussi. "Pour bien jouer aux échecs il faut avoir un bon mental. Si tu as des problèmes qui encombrent ton esprit, tu ne peux pas bien jouer. Aujourd'hui je vais mieux, mais j'ai encore des problèmes en tête à régler : je dois souvent aller à la préfecture, et puis aussi à l’hôpital_ car je suis malade. Quand tout ça sera réglé, je pourrai encore mieux jouer_."

L'Open d'échecs du Mans se déroule jusqu'à mercredi.
L'Open d'échecs du Mans se déroule jusqu'à mercredi. © Radio France - Noémie Bonnin

Le parcours "classique" et dangereux d'un migrant

Avant Le Mans, la vie de Shahir ressemble à celle de nombreux migrants : pleine d’embûches et de danger. Sa famille et lui sont menacés par les Talibans en Afghanistan. Ils quittent alors le pays, direction l'Iran. Mais les Afghans n'y sont pas bien traités, Shahir n'a pas le droit d'aller à l'école. Après quelques années de galère, il décide de venir en Europe. Il traverse à pied la Turquie : "On a marché deux jours et deux nuits. On a dû traverser des montagnes, c'était très dur." Il embarque ensuite dans un bateau de fortune jusqu'en Italie. "C'était un petit canot prévu pour douze passagers. Nous étions quarante-deux." Il vit un peu en Italie, mais n'a ni travail ni logement. "J'ai même dormi dans la rue, pendant un mois!" se souvient Shahir. Il tente l'Allemagne, la Suède, sans succès. Puis la France, à Calais, avec des milliers d'autres migrants du monde entier. Les autorités lui proposent Le Mans, pour "désengorger Calais". Aujourd'hui, il a envie de se poser, et de s'installer. "Ici j'ai de quoi dormir, de quoi manger. J'ai des problèmes de santé mais j'ai un rendez-vous à l’hôpital. Les choses s'arrangent" se réjouit le jeune homme. 

Aujourd'hui,  le fait de pouvoir jouer aux échecs, de penser à autre chose qu'à trouver un toit pour la nuit, c'est déjà une petite victoire. "C'est très important ce tournoi pour lui" raconte un ami qui l'accompagne. "Participer ça_ veut dire qu'on est quelque chose. Et puis autour d'un échiquier, on est tous au même niveau_."

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