Déchéance de nationalité : Hollande lâché par ses fidèles

Déchéance de la nationalité. Très critiqué à gauche, le texte de loi visant les binationaux condamnés pour terrorisme divise jusqu'au cercle le plus rapproché du chef de l'Etat.

Déchéance de nationalité : Hollande lâché par ses fidèles

    Les hollandais ne reconnaissent plus François Hollande. Malgré le rappel à l'ordre du Premier ministre, Manuel Valls, les doutes sur la déchéance de la nationalité pour les terroristes binationaux fracassent le PS jusqu'au cercle rapproché du président. Au point que certains de ces vieux compagnons de route ne cachent plus leurs doutes.

    Ils ont encaissé, presque sans broncher, le « matraquage fiscal », la course à la réduction des déficits publics, le pacte de stabilité et ses 41 Mdsâ?¬ de baisse de charges en faveur des patrons. Mais là, trop, c'est trop. « Il y en a marre, lâche l'ancien secrétaire d'Etat Kader Arif, on ne peut pas sous couvert de modernité s'asseoir sur nos valeurs. » Dimanche, l'ex-Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait donné le ton de la jacquerie hollandaise. « Si la France est en péril de paix, alors ne la divisons pas davantage », avait-il tweeté prenant le relais de Julien Dray, l'ami de toujours, ou encore de Jean-Pierre Mignard, l'avocat et intime du président. Depuis, ça crépite en coulisses. « Nous échangeons tous beaucoup par téléphone, souffle un hollandais historique. Et nous sommes nombreux à être en émoi. »

    Certains silences en disent d'ailleurs très long sur le malaise qui s'est emparé du noyau dur. Celui de Stéphane Le Foll, par exemple, coincé entre des décennies de fidélité et une mesure que même le FN a « salu? hier. Quant à Michel Sapin (Finances) ou le fidèle Jean-Yves Le Drian (Défense), ils ne pipent mot et regardent ailleurs. « C'est Vive Noël et la trêve des confiseurs ! » ironise un habitué des dîners hollandais. Reste quelques voix qui, pour l'instant, ne manquent pas au chef de l'Etat. Celle de l'ex-compagne Ségolène Royal « pas du tout choquée qu'un individu ayant porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation se voie retirer la nationalité française ». « Je préfère être en phase avec 90 % des Français qu'avec deux ou trois appareils politiques en difficult?, confie aussi Didier Guillaume, le chef de file des sénateurs PS, agacé par « les leçons de gauche » des socialistes.

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    En réalité, la confiance envers l'habilité du « maestro » qui, pour les hollandais, a toujours su « avoir un temps d'avance » est mise à mal. « Pourquoi celui qui a toujours été le mieux placé pour rassembler la gauche est-il en train de se compliquer la tâche à ce point ? » interroge un historique alors que les écologistes, les communistes et certains socialistes sont vent debout.

    A l'orée d'une bataille qui s'annonce très chaude chez les députés PS, les relais du président lui font déjà défaut. « Si cela permettait de lutter contre le terrorisme, je dirais OK en m'asseyant sur mes convictions, mais là... » reconnaît le Marseillais Patrick Mennucci. Jamais mis dans la confidence par leur mentor, ces compagnons de route se sont aussi laissés prendre au piège. Jean-Marc Ayrault, Olivier Faure, Kader Arif... : « On a tous applaudi quand François Hollande en a parlé à Versailles devant le Congrès », rappelle un proche. En croyant, secrètement, que le Conseil d'Etat s'opposerait à la déchéance de la nationalité et que le président, finalement, n'irait pas au bout. C'est raté.

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