Vue aérienne du port de Rio de Janeiro, au Brésil

Le Brésil s'enfonce dans la récession (ici, le port de Rio de Janeiro).

afp.com/Yasuyoshi Chiba

On croyait les vieux démons de l'Amérique Latine définitivement terrassés depuis le début du nouveau siècle. Las, ils se réveillent à nouveau. Corruption à grande échelle, népotisme, instabilité politique, dérapage inflationniste, récession, explosion des inégalités...

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Au Guatemala, Jimmy Morales, un acteur comique, s'est fait élire cet automne à la présidence de la République après l'emprisonnement de son prédécesseur pour corruption. En Argentine, les errements d'une décennie de présidence Kirchner ont coulé le pays, tandis que Nicolás Maduro, le successeur d'Hugo Chavez à la tête du Venezuela, s'en remet à Dieu - et à la Chine - pour éviter la faillite totale.

>> Notre dossier: Premiers signes de "re-crise" économique

Au Brésil, enfin, Dilma Rousseff, empêtrée dans le scandale de la compagnie pétrolière Petrobras, affiche désormais une cote de popularité d'à peine 10%, et le poids lourd du continent s'enfonce dans la récession. De fait, quasiment partout et même plus au nord, au Mexique, les promesses de l'eldorado latino se sont envolées.

En 2015, l'Amérique latine aura été la seule zone de la planète à afficher en moyenne une baisse de sa richesse. Et un rebond en 2016 est exclu. La sanction des marchés financiers n'a pas tardé: la plupart des devises de la zone ont dévissé.

Croissance en 2016: +0,2%

tableau Amérique latine

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© / L'Expansion

"Sur les quinze grands pays dont les monnaies ont le plus fortement chuté ces derniers mois, on trouve tous les latino-américains", observe Jean-Louis Martin, économiste au Crédit agricole. Des dévaluations en cascade qui font déraper les prix. Au Venezuela, où l'inflation "officieuse" atteint près de 100%, on manque de tout: lait, médicaments, viande, farine...

Un dérapage général des comptes publics

Pourquoi une telle débâcle? "Le freinage chinois et, dans son sillage, l'effondrement de la plupart des cours des matières premières ont révélé les fragilités de pays dont le décollage récent tenait largement à la richesse de leur sous-sol", analyse Juan Carlos Rodado, de Natixis. En Colombie, les hydrocarbures représentent désormais 60% des exportations (contre 30% il y a dix ans).

Au Pérou, l'or et le cuivre pèsent pour près de la moitié des livraisons à l'étranger. Au Brésil, les deux tiers des exportations sont composés de matières premières. Une proportion qui atteint près de 80% au Chili. Or, qui dit moins de rentrées en devises dit aussi souvent moins de recettes budgétaires. Au Mexique, un tiers des recettes de l'Etat viennent du pétrole. Avec la chute de la croissance, les déficits ont partout dérapé.

Au Brésil, le trou dans les comptes de l'Etat atteindrait 9,2% du PIB cette année. "L'essentiel de la dette publique est libellé en reals, et les investisseurs étrangers n'en détiennent que 20%, une situation radicalement différente de celle qui prévalait dans les années 80 et qui avait débouché sur les crises de surendettement à répétition", note Sylvain Bellefontaine, de BNP Paribas. Au moins une lueur d'espoir.

Le risque

Une faillite du Venezuela, évitée jusqu'ici grâce à la Chine, qui a ouvert des lignes de crédit en échange de pétrole.

L'Amérique latine, c'est 8,4% de la population mondiale, 7,3% du PIB mondial. Elle a contribué à 1,6% des richesses créées en 2015.

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