Ursula Gauthier, correspondante à Pékin pour L'Obs, travaille dans son bureau le 26 décembre 2015 à Pékin

L'expulsion d'Ursula Gauthier, correspondante à Pékin pour L'Obs, et la faible réaction française est dénoncée par ses confrères des médias de l'Hexagone.

afp.com/GREG BAKER

Le quasi-silence de la France face à l'expulsion par la Chine d'Ursula Gauthier, la correspondante de L'Obs, est vivement dénoncée par plusieurs journalistes français.

Publicité

Dans une tribune publiée sur les sites de L'Obs et du Monde, ils s'élèvent "contre le traitement injurieux réservé par la République populaire de Chine" à Ursula Gauthier, déclarent la quarantaine de dirigeants et anciens correspondants en Chine de médias français signataires du texte.

"Nous déplorons par ailleurs l'apparente volonté des autorités françaises de ne pas faire de vagues autour de cette expulsion injustifiable", ajoutent-ils.

Pékin reproche à la journaliste un article sur la situation au Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, où s'affrontent les forces de l'ordre chinoises et des militants ouïgours, une minorité turcophone et majoritairement musulmane.

"Priorité absolue à la diplomatie économique"

"Tout est fait pour dissuader les médias étrangers de se rendre sur place pour rendre compte de la situation. Il est pratiquement impossible pour un journaliste de travailler au Xinjiang sans être pris en filature par des agents en civil. D'audacieux reporters sont régulièrement interpellés ou expulsés de la région", dénonce le texte.

La tribune reproche à la France une "diplomatie de paillasson", qui reflète une "priorité absolue accordée par le gouvernement français à la diplomatie économique". Pour les signataires, "le silence" de Paris sur "les condamnations de prisonniers politiques et sur les violations de la liberté de parole (...) garantissait d'une certaine manière que Paris laisserait expulser Mme Gauthier sans trop gesticuler". "Le ministère des Affaires étrangères français s'est contenté de deux lignes de réaction" après l'annonce de l'expulsion de la journaliste, souligne-t-il. Le Quai d'Orsay a indiqué "regretter" que le visa de la journaliste ne soit pas renouvelé.

Washington beaucoup plus ferme face aux menaces contres des journalistes du

Lorsque la Chine menaça de ne pas renouveler les visas de plusieurs journalistes du New York Times en 2013, le vice-président américain, Joe Biden, était intervenu, rappelle la tribune, et son action avait porté. Pour les signataires, "le manque de fermeté des autorités françaises est irresponsable" et "les correspondants français à Pékin et leurs collègues étrangers se trouvent désormais davantage qu'auparavant à la merci" des autorités chinoises.

Parmi les signataires, figurent Christophe Ayad, chef du service international du Monde, Matthieu Croissandeau, directeur de L'Obs, Arnaud de La Grange, chef du service international du Figaro, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Marc Epstein, rédacteur en chef du service monde de L'Express, Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, Laurent Joffrin, directeur de Libération, Michèle Léridon, directrice de l'information de l'AFP, Marc Semo, rédacteur en chef de la rubrique internationale de Libération, ainsi que plusieurs anciens correspondants en Chine de l'AFP, des Echos, du Figaro, Libération, Le Monde, Radio France Internationale et d'autres médias.

Publicité