Attentats terroristes : "Depuis Charlie Hebdo, rien n'a bougé"
RETRO 2015 / NOVEMBRE - Du Stade de France au Bataclan en passant par des terrasses de l’Est parisien… Trois commandos terroristes transforment en tragédie un vendredi soir. L’attaque terroriste la plus meurtrière de notre histoire est vite revendiquée par Daech. L'analyse de Françoise Rudetzki.
Françoise Rudetzki, administratrice du Fonds de garantie des victimes du terrorisme, membre du Conseil économique et social.
Eric Dessons/JDD.
Un parquet européen antiterroriste
À la différence des années 1986-1996, où les attentats étaient perpétrés en fin d'après-midi avant l'ouverture des 20-Heures, ces attaques de novembre se sont déroulées la nuit, c'est inédit. Comme le sont la diversité et la simultanéité des lieux attaqués, les différents modes opératoires (prise d'otages et fusillades) et l'engagement de kamikazes. J'ai aussitôt pensé aux attentats de Bombay de 2008, qui avaient fait 288 morts.
À mon sens, ces attentats répétés que notre pays a subis tout au long de l'année, de Charlie et l'Hyper Cacher jusqu'au Bataclan, doivent nous inciter à nous battre pour un parquet antiterroriste européen qui nous permettrait de mieux surveiller des djihadistes,par nature très mobiles. Et l'adaptation au droit européen de notre incrimination "d'association de malfaiteurs" souvent critiquée par nos voisins, nous ferait gagner en efficacité pour déradicaliser et démanteler les réseaux.
S'il faut retenir un point positif dans toute cette tragédie, c'est l'admirable efficacité des services d'urgence, très supérieure à ce qui se fait ailleurs dans le monde. L'intervention très rapide de nombreuses équipes pluridisciplinaires dans les hôpitaux a permis de vite stabiliser le bilan à 130 morts, c'était loin d'être gagné. Le nombre de blessés graves, 350, est, lui, aussi totalement inédit. En 1995, l'attentat de Saint-Michel avait fait 200 blessés mais seuls dix étaient dans un état grave. Il faut savoir que ces personnes auront forcément des soins à vie. Ils se reconstruiront mais très lentement. Ce qui me préoccupe également, c'est le très grand nombre d'impliqués, surtout ceux qui ont cru mourir, qui ont vu des gens agoniser à leurs côtés et se sont sentis totalement impuissants. Ils vont devoir vivre avec ces images. Pour eux, les atteintes psychologiques peuvent être très lourdes, il faut leur organiser un suivi permanent.
À cet égard, j'ai constaté de lourds dysfonctionnements : les cellules d'urgence médico-psychologiques (CUMP) ne sont pas prêtes pour des événements d'une telle ampleur. C'était un tel désordre, des centaines de victimes ont eu affaire à des interlocuteurs qui changeaient chaque jour, jusqu'à six ou sept psychologues différents, c'est totalement contre-productif.
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Il n'y a aucune coordination entre toutes ces équipes. Les fiches de consultation établies par les CUMP sont inutilisables. Nous sommes en train de reconstituer ces bouts de papier épars qui, pour la plupart, ne permettent ni de recontacter les personnes ni de les suivre dans le temps. De la même façon, tous les services (hôpitaux, Sécurité sociale, Fonds de garantie des victimes du terrorisme – FGTI –, parquet) fonctionnent avec des logiciels différents qui interdisent de partager les informations. Ce désordre s'est vérifié sur la constitution de la fameuse liste unique des victimes établie par le parquet de Paris. Il faut d'urgence mettre au point un logiciel sécurisé accessible à tous les intervenants.
La solidarité plutôt que la charitéDepuis les attentats de janvier, rien ou presque n'a été fait, aucun retour d'expérience n'a été établi. Le ministère de la Santé est trop en retrait. Au ministère de la Justice, le bureau d'aide aux victimes est en dramatique sous-effectif. Sachant le niveau de la menace, il est temps que l'État monte une structure pérenne. On ne peut laisser l'entière gestion de ces événements au monde associatif.
Sur le plan des indemnisations , nous avions fait voter avant le 13 novembre une augmentation d'un euro de la contribution de solidarité qui sera effective au 1er janvier (de 3,30 à 4,30 euros sur chaque contrat d'assurance). Il est possible, compte tenu de la gravité des menaces, de procéder au cours de l'année prochaine à une nouvelle augmentation de 1,20 euro.
Mais à côté de cela, malgré mes multiples demandes, le conseil d'administration du Fonds de garantie ne s'est pas réuni depuis le 13 novembre, sauf de manière informelle, et rien n'est prévu avant le 1er février. Il faut pourtant prendre plusieurs mesures d'urgence. Le Fonds de garantie est une pierre angulaire de la solidarité nationale. Si nous ne sommes pas à la hauteur de ce défi gigantesque, cela ouvrira la voie à des dérives financières, ces cagnottes privées par exemple dont nul ne connaît les véritables destinataires. On doit préférer la solidarité nationale à la charité individuelle.
Propos recueillis par Patrice Trapier.
Source: JDD papier
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