Suppressions de postes massives dans les grandes banques européennes
•Les groupes bancaires ont annoncé en 2015 près de 130.000 suppressions de postes, pour réduire leurs coûts.•Les plans les plus sévères concernent HSBC et StanChart, UniCredit et Deutsche Bank.
Par Jean-Philippe Lacour, Véronique Chocron
L'année 2015 aura été rythmée par l'annonce de coupes drastiques dans les effectifs des grandes banques européennes. Cette nouvelle vague de restructurations, huit ans après le début de la crise financière, passe par la disparition de dizaines de milliers d'emplois et par la sortie du périmètre des géants bancaires de certaines de leurs filiales ou de leurs activités. Les établissements se recentrent et réduisent leurs bilans. Au total, de grands noms de la finance européenne ont annoncé cette année la suppression de quelque 130.000 postes.
Les banques mettent en avant les contraintes qui s'ajoutent et pèsent sur leur rentabilité : la réglementation post-crise - qui nécessite d'augmenter leur niveau de fonds propres -, les taux bas qui font pression sur leurs marges, la conjoncture peu porteuse et l'évolution de leurs métiers. La numérisation entraîne de fait des fermetures d'agences et les process s'industrialisent dans la banque de financement et d'investissement.
A lui seul, le numéro un bancaire en Europe, le britannique HSBC, va supprimer 50.000 postes dans le monde, d'ici à la fin de 2017, pour restaurer la confiance d'actionnaires déçus par le recul de sa rentabilité. En juin dernier, son patron, Stuart Gulliver, a indiqué que 25.000 emplois seraient supprimés - soit environ un sur dix -, auxquels il faut ajouter la perte de 25.000 emplois liée à la ventes des filiales turque et brésilienne du groupe.
Une autre banque britannique, Standard Chartered, a fait savoir le mois dernier par la voix de son nouveau patron, Bill Winters, qu'elle allait supprimer 15.000 emplois, soit 15 % de ses effectifs. Le groupe, touché par le ralentissement des pays émergents et la chute du cours des matières premières, compte ainsi accroître de plus de 1 milliard de dollars son programme de réduction des coûts.
En Europe du Sud, la banque italienne UniCredit a mis en place en novembre un programme de réduction de plus de 18.000 postes, qui devrait lui permettre de réaliser 800 millions d'euros d'économies. Il s'agit pour l'institution de donner des gages aux investisseurs et de montrer au superviseur européen, la BCE, qu'elle peut se redresser sans en passer par une augmentation de capital. En Allemagne, menée tambour battant par son nouveau patron John Cryan, la restructuration de Deutsche Bank va lui faire perdre un quart de ses effectifs dans les trois ans, ceux-ci passant de 103.000 à 77.000 d'ici à fin 2018. La cession de Postbank va à elle seule occasionner la sortie de 19.000 personnes du périmètre. S'ajouteront 9.000 suppressions net de postes dans le monde.
Le dernier plan choc a été présenté par une banque coopérative néerlandaise, Rabobank, qui voit son bénéfice reculer depuis cinq ans. L'établissement, qui compte 47.000 salariés, a annoncé en décembre la suppression de 9.000 emplois dans les deux ans.
Modération dans la banque française
Et ce n'est pas tout, car toutes les grandes banques européennes mènent des programmes d'économies et réduisent leurs effectifs, de manière plus mesurée. C'est le cas pour Credit Suisse (3.000 postes devraient être supprimés), à la Société Générale ( 2.000 postes dans les agences), chez BBVA, Commerzbank ou encore chez BNP Paribas. Le groupe de la rue d'Antin a annoncé cette année jusqu'à 1.800 suppressions de postes en Pologne, 600 dans le crédit à la consommation en France et plus de 1.000 chez BNP Paribas Fortis (lire ci-contre). Si, globalement, les effectifs des banques françaises baissent, le repli reste à ce jour modéré.
Véronique Chocron avec Jean-Philippe Lacour Correspondant à Francfort