Des hélicos de « Dropped » à la mort prématurée de Jonah Lomu ; du crash blattéro-platinien à l’affaire de la sextape valbueno-benzemesque, en passant par le micmac dopageo-politico-sénégalo-russe en athlétisme ; sans oublier la farce de l’équipe de handball du Qatar et l’urine balancée sur Chris Froome : on pensait 2015 indétrônable avant longtemps en tant qu’annus sportivus horribilis maximus. C’est alors qu’arriva 2016.
31 janvier, Cracovie
Finale du championnat d’Europe de handball, en Pologne. L’équipe de France s’incline en prolongations face au Qatar, qui a bénéficié d’une dérogation pour participer au tournoi, au motif que « l’Islande joue bien l’Euro, alors que Reykjavik est à peine plus loin de Cracovie que Doha, donc je vois vraiment pas le problème », selon le président de la Fédération internationale de handball, qui devrait peut-être songer à imiter sa grande sœur du football. Car le vent du changement souffle à la FIFA, qui s’apprête à élire, enfin, le successeur de Sepp Blatter.
26 février, Zurich
La gabegie n’a que trop duré à la Fédération internationale de football et l’institution est déterminée à restaurer son honneur. Le verdict des urnes est incontestable : le nouveau patron du football mondial s’appelle Sepp Blatter. Oui. Une faille juridique exploitée par ses avocats a permis à l’inusable Suisse de présenter à nouveau sa candidature devant les présidents des 209 fédérations nationales qui composent la FIFA. La justice s’étonne tout de même que Blatter ait recueilli 210 voix. Une enquête est ouverte. Le cirque reprend de plus belle. L’élection est reportée d’un an. Blatter est banni à vie du territoire helvétique.
5 mars, Paris
10-2 face à Montpellier, avec un octuplé de Zlatan : le PSG est sacré champion de France dès la 29e journée de Ligue 1. Quatre jours plus tard, il est éliminé en huitièmes de finale de la Ligue des champions par Chelsea. Ibrahimovic met fin à sa saison en club et rentre en Suède se consacrer à une préparation spécifique de trois mois pour l’Euro.
19 mars, Saint-Denis
Victorieux de l’Angleterrre, le XV de France, où Guy Novès n’a retenu aucun joueur ayant participé à la dernière Coupe du monde, remporte le Tournoi des six nations sans marquer le moindre essai. Mais les Bleus ratent le Grand Chelem pour s’être inclinés, une semaine plus tôt, face à l’Ecosse désormais dirigée par Philippe Saint-André, lequel qualifiera cette rencontre d’« orgasme rugbystique ».
8 juin, Paris
Deux jours avant le début de l’Euro 2016, Le Monde révèle l’implication de Didier Deschamps dans l’affaire dite « de la sextape ». Le vol du téléphone de Valbuena, la discussion à Clairefontaine avec Benzema, les fuites dans la presse… Le sélectionneur avait tout manigancé. Cette histoire de chantage à la vidéo coquine était le seul moyen pour lui d’écarter, l’air de rien, Karim Benzema, qui n’entrait pas dans ses plans tactiques. Deschamps viré, Platini le remplace en catastrophe, et les Bleus se hissent en finale, où ils s’inclinent face à la Suède d’un Ibrahimovic affûté comme jamais, qui se félicite d’avoir « enfin remporté [son] premier trophée depuis [son] arrivée France ». « Et vos quatre titres d’affilée en Ligue 1 ? », demande Vincent Duluc, plume de L’Equipe. « En Ligue quoi ? », répond Zlatan, qui découvre avec stupeur ce jour-là que tous ces matchs qu’il jouait le week-end n’étaient pas des entraînements en vue de ceux du mercredi, mais bel et bien une compétition réunissant l’élite du football dans l’Hexagone.
11 juillet, Andorre
On pensait avoir tout vu sur le Tour de France, mais le cyclisme nous étonnera toujours. Le dopage ou les vélos à moteur ? Des peccadilles, à côté du fléau que révèle la 103e édition de la Grande Boucle.
Au premier jour de repos, le Spiegel met la main sur un étrange document signé du directeur de la course, Christian Prudhomme, et titré « TDF16 - Episode Pinot ». On y découvre comment Thibaut Pinot est censé remporter le Tour de France cet été, selon un scénario entièrement écrit à l’avance, kilomètre par kilomètre. L’odieuse vérité éclate alors aux yeux du monde. Classement, attaques, chutes, abandons, polémiques : depuis sa création, le Tour de France n’est qu’une immense mise en scène, et les cyclistes, des acteurs.
Alors qu’ASO – Amaury Sport Organisation, l’organisateur de la course – redoute le boycott du public face à une telle arnaque, la foule est deux fois plus nombreuse au bord des routes qui mènent le peloton jusqu’à Paris. Un miracle qui s’explique sans doute par la promesse de Cochonou de balancer deux fois plus de bobs et de saucisson sur les bas-côtés. Comme prévu, Thibaut Pinot remporte le Tour. La France est en liesse.
5 août, Rio de Janeiro
Après avoir introduit en catimini le naming dans sa charte, le CIO lance les « Olympic Coca-Cola Games 2016 by Visa », pour lesquels Usain Bolt est contraint de déclarer forfait. Dans le cadre d’une opération de promo pour son équipementier, le sprinteur jamaïcain a été amené à plonger dans la baie de Guanabara. Funeste erreur : la pollution extrême de l’eau procure au Jamaïcain une gastro-entérite de tous les diables, cependant que des furoncles recouvrent peu à peu l’intégralité de son corps, hormis sa jambe droite, qu’il a fallu amputer en raison d’un début de gangrène. Conséquence des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre, les Jeux se déroulent entièrement à huis clos. Conséquence des élections régionales, la Corse envoie sa propre délégation, et remporte à la surprise générale le tournoi de water-polo face à la Catalogne. La Russie finit au sommet du classement des médailles. Tout va bien.
13 août, Paris
Un coup d’œil aux effectifs pourrait instiller le doute. Mais ce championnat qui reprend dans l’indifférence générale, au beau milieu des JO, n’est pas celui de Ligue 2. C’est juste que la Ligue 1, il faut bien l’admettre, commence à y ressembler. Les milliards de pounds des droits télé du championnat anglais sont passés par là, et ce qui restait de talent en France a traversé la Manche pendant l’été. Même Karim Rekik a trouvé un club en Angleterre, où son poste de standardiste à Sunderland est mieux payé que celui de défenseur central à l’OM.
12 septembre, New York
Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, et maintenant US Open. Novak Djokovic réussit le Grand Chelem, quarante-sept ans après Rod Laver. Vaincu dans chacune des quatre finales, éclipsé par le Serbe, écœuré et dépressif, Roger Federer plaque le tennis et s’embarque pour le Vendée Globe, dont le départ sera donné le 6 novembre. L’occasion de méditer, le temps d’un tour du monde à la voile en solitaire, sur la splendeur et la misère du champion, la fragilité du succès, et la contingence de l’existence.
18 septembre, Rio de Janeiro
Les Jeux paralympiques de Rio s’achèvent sur un ultime sacre d’Usain Bolt, vainqueur à cloche-pied du 100 m, du 200 m, du 400 m, du 800 m, du 1 500 m, du 5 000 m, du marathon et du triple saut. Grâce à la razzia du Jamaïcain, les Jeux paralympiques réalisent, pour la première fois, de meilleures audiences télé que les Jeux olympiques.
27 novembre, Astana
Dix ans qu’on le leur promettait, les « nouveaux Mousquetaires » succèdent enfin à leurs glorieux aînés : Tsonga, Monfils, Gasquet et Simon remportent la Coupe Davis. C’est pourtant le capitaine Yannick Noah, craignant que ses joueurs ne craquent sous la pression, qui apporte le point décisif en finale face au Kazakhstan. Oui, le Kazakhstan. C’est que, hormis en France, la Coupe Davis n’intéresse plus du tout les meilleurs joueurs mondiaux, qui se réservent désormais pour l’International Premier Tennis League (IPTL), cette tournée d’exhibition en Asie durant laquelle ils remplissent les salles en même temps que leurs poches.
Décembre 2016, Paris
Hasard du calendrier électoral, la Fédération française de football et celle de rugby désignent leurs nouveaux dirigeants à quelques jours d’intervalle. Première historique, un même président est porté à la tête des deux Fédérations : Sepp Blatter. Cet homme est incroyable.
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