Créée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur est-elle une breloque d’un autre temps ? Ou au contraire, ne nous invite-t-elle pas à réfléchir à la question bien plus sérieuse et plus essentielle de l’honneur et de la récompense en démocratie ?
- Olivier Ihl Politiste, professeur de sociologie historique à l'IEP de Grenoble
- François David
- Patrick Spilliaert conseiller maître à la Cour des Comptes, secrétaire général de la société des amis du Musée de la Légion d’honneur
Créée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur est-elle une breloque d’un autre temps ? Ou au contraire, ne nous invite-t-elle pas à réfléchir à la question bien plus sérieuse et plus essentielle de l’honneur et de la récompense en démocratie? Dans une société composée d’individus égaux, sur quoi peut se fonder la distinction, la hiérarchie ?
Lorsque l’on évoque la légion d’honneur, on pourrait être tenté de songer à la phrase de Napoléon : « C’est avec ces hochets qu’on mène les hommes … ». Après tout, la légion d’honneur n’est-elle pas une breloque d’un autre temps, un gadget pour vaniteux, dont l’avantage principal semble résider dans la possibilité d’envoyer ses filles au lycée éponyme basé à Saint-Denis, véritable pension à l’ancienne pour filles de héros pas toujours morts pour la France ?
Une fois posés ces prolégomènes un peu cruels, la légion d’honneur nous pousse à réfléchir à la question bien plus sérieuse et plus essentielle de l’honneur et de la récompense en démocratie. Dans une société composée d’individus égaux, sur quoi peut se fonder la distinction, la hiérarchie ?
A ce titre, la légion d’honneur, tout comme les autres ordres – mérite, arts et lettres, etc., a historiquement constitué une avancée démocratique en distinguant aussi bien le simple soldat que l’officier supérieur, le quidam et la gloire illustre. Elle est l’héritage d’une révolution brisant les ordres anciens au nom du seul mérite. Pour autant, il faudrait encore savoir sur quoi se base ce mérite…
« La Légion d'honneur, ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas et ça ne se porte pas » disait Mauriac. Moyennant quoi, difficile de comprendre comment et par qui elle est attribué et selon quels critères lorsqu’on observe des profils tellement divers qui portent l’illustre boutonnière…
La légion d’honneur est-elle encore indispensable ? Comment cet ordre fonctionne-t-il ? En quoi son attribution est-il un enjeu de pouvoir, et pour qui ?
On en parle aujourd’hui avec nos invités dans ce premier Atelier du pouvoir de l’année 2016 :
Olivier Ihl, professeur à Sciences Po Grenoble, qui travaille depuis de nombreuses années sur les mises en scène du politique. Il est notamment l'auteur de Le mérite et la République (Gallimard, 2007)
François David, membre du Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur depuis 2009
et Patrick Spilliaert, conseiller maître à la Cour des Comptes, secrétaire général de la société des amis du Musée de la Légion d’honneur.
Infographie publiée en janvier 2015 :
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